Le décor au cinéma

De l’après-guerre à aujourd’hui, celle-ci conte l’évolution du métier de décorateur de cinéma, en France, ainsi que la saga des studios hexagonaux. En tout, quelque cent cinquante documents – dessins, photographies, maquettes, films… – issus des collections de la Cinémathèque déroulent un parcours en trois temps : l’âge d’or des studios ; le déclin des studios ; la délocalisation et le numérique. Le visiteur constate d’emblée que les chefs décorateurs sont de fieffés dessinateurs. En témoignent ces esquisses truffées de détails, signées Léon Barsacq (Le silence est d’or, René Clair) et Alexandre Trauner (Les Portes de la nuit, Marcel Carné), Jean-Jacques Caziot (Bras de fer, Gérard Vergez) ou Hilton McConnico (La Lune dans le caniveau, Jean-Jacques Beineix). Outre le dessin, les maquettes sont évidemment un outil incontournable pour simuler un espace. Sont entre autres exhibées celles de Jacques Saulnier pour certains longs-métrages d’Alain Resnais (Cœurs, Smoking/No Smoking…). Surprenant, aussi, est ce modèle de la « chambre-délire Trelkovsky » imaginée par le chef décorateur Pierre Guffroy pour le film Le Locataire de Roman Polanski : la perspective y a été franchement accentuée afin de diminuer (visuellement) la taille de l’acteur et d’intensifier l’aspect angoissant du lieu. Un dernier volet, enfin, aborde l’évolution ou, plus exactement, la « révolution » du métier depuis l’arrivée des technologies numériques. Le chef décorateur est ainsi aujourd’hui, de plus en plus souvent, amené à livrer des décors qu’il ne construira plus. Les « fonds verts » ne font, paraît-il, qu’augmenter.