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Le contre-espace poétique d’Ubac

L'ŒIL

Le 1 novembre 2000 - 229 mots

L’œuvre photographique de Raoul Ubac est des plus passionnantes. Elle se concentre sur 15 ans, entre 1930, date à laquelle le jeune artiste, se partageant entre Cologne, sa ville natale, et Paris, rencontre André Breton, et 1945 qui marque la fin de ses recherches photographiques et le début de sa carrière de peintre et de sculpteur. Sa formation à l’École des arts appliqués de Cologne où il s’initie à toutes sortes de techniques (photomontage, photogramme, solarisation...) et ses rencontres avec les surréalistes, sont déterminantes dans l’orientation de ses recherches. Celles-ci seront résolument expérimentales, l’artiste se livrant à l’exploration radicale des possibilités matérielles du médium. Mais ces opérations sont moins des manipulations (la main n’est que « médiatrice ») que des brèches ouvertes dans le mur des apparences et des habitudes perceptives. Par ces brèches afflue et se constitue un « contre-espace poétique », selon le mot d’Ubac, infiniment plus vaste que l’espace physique dans lequel se meuvent les corps. Ainsi, de la série Penthésilée, où l’ombre se répand comme une flaque entre les lumières, aux fascinants « brûlages » (résultant du passage du négatif dans l’eau brûlante), Ubac a mené une véritable destruction de l’image et usé de la photographie comme moyen de révélation poétique. L’exposition et la monographie remarquable qui l’accompagne sont dues à l’historien de la photographie Christian Bouqueret.

PARIS, galerie Renn 14/16 Verneuil, 21 novembre-27 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°521 du 1 novembre 2000, avec le titre suivant : Le contre-espace poétique d’Ubac

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