Le Musée du Louvre et l’historien Pierre Rosenberg réhabilitent Gabriel de Saint-Aubin.
PARIS - Dessinateur insatiable, graveur et peintre, Gabriel de Saint-Aubin (1724-1780) se fit chroniqueur des mœurs parisiennes et laissa derrière lui des milliers de dessins. Le Musée du Louvre, à Paris, rend aujourd’hui hommage à cet « artiste méconnu et imparfaitement étudié », « pas suffisamment aimé », comme le décrit Pierre Rosenberg, commissaire de la manifestation. L’historien de l’art regrette au passage que le Louvre n’ait pas saisi l’opportunité de faire entrer dans ses collections deux dessins majeurs, Le Triomphe de Pompée et La Bataille navale d’Ecnome, acquis respectivement par le Metropolitan Museum of Art (New York) en 2004 et par le J. Paul Getty Museum (Los Angeles) en 2006. C’est avec une autre institution américaine, la Frick Collection (New York), laquelle a d’abord présenté l’exposition (d’octobre 2007 à janvier 2008), que le Musée du Louvre s’est associé pour réunir près de quatre-vingts œuvres de l’artiste. Il s’agit essentiellement de dessins, dans lesquels Saint-Aubin dépeint le Paris du XVIIIe siècle, s’intéressant aussi bien aux grands événements – en témoigne L’Entrée de Marie-Antoinette dans Paris – qu’aux quartiers populaires. Son crayon à la main, il arpente les rues de la capitale et immortalise la place Sainte-Geneviève, la porte Saint-Denis, Notre-Dame ou les Invalides, mais aussi des scènes du quotidien croquées sur le vif dans la rue, les cafés, les théâtres. Saint-Aubin s’essaie à toutes les techniques : pierre noire reprise à la plume, sanguine, lavis, aquarelle, pastel, crayons de couleur. Autant de procédés qu’il n’hésite pas à mélanger pour obtenir le mouvement et la vie dans des œuvres fourmillant de détails. Ses œuvres « ont toujours un sujet, elles racontent, explique Pierre Rosenberg. Ce ne sont pas de simples études, des recherches pour telle ou telle composition, ce sont des œuvres à part entière ». Et d’avertir le visiteur : « Les dessins de Saint-Aubin ne se découvrent que peu à peu, lentement. Il faut prendre son temps. » Faute d’être admis à l’Académie royale, l’artiste a illustré les Salons qui se tenaient tous les deux ans au Louvre pour présenter les artistes contemporains à l’époque cotés. Ses représentations restituent l’événement de manière précise tout en attestant une grande créativité. Sont également aujourd’hui présentées quelques peintures, parmi lesquelles La Réunion du boulevard, conservée à Perpignan, et La Parade du boulevard, issue de la National Gallery de Londres, ses deux plus beaux tableaux selon Rosenberg. Les rares toiles parvenues jusqu’à nous sont par ailleurs de qualité inégale. Saint-Aubin a également illustré des catalogues de vente, dont la plupart n’ont pas encore été étudiés par les historiens de l’art. Il reste encore beaucoup à faire pour redonner à cet artiste la place qu’il mérite dans l’histoire de l’art du XVIIIe siècle français.
GABRIEL DE SAINT-AUBIN, jusqu’au 26 mai, Musée du Louvre, aile Sully, salle de la Chapelle, 75001 Paris, tél. 01 40 20 53 17, www.louvre.fr, tlj sauf mardi, 9h-18h et 22h les mercredis et vendredis. Catalogue, éd. Somogy, 320 p., 39 euros, ISBN 978-2-35031-139-5/978-2-7572-0109-1.
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Le conteur de Paris
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaires : Pierre Rosenberg, directeur-président honoraire du Musée du Louvre, et Christophe Leribault, directeur du Musée Delacroix et conservateur en chef au département des Arts graphiques du Musée du Louvre - Nombre d’œuvres : 79
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°276 du 29 février 2008, avec le titre suivant : Le conteur de Paris