Quel est le point commun entre une peinture cérémonielle au sol en wamulu (une fleur jaune du désert central d’Australie) et des photographies d’artistes aborigènes qui nous donnent à voir les conséquences douloureuses de l’invasion européenne pour les peuples autochtones ? Sans doute la volonté de fixer un instant éphémère, un présent fugitif qui exprime la beauté et la force d’un peuple qui a dû se battre pour sa survie et pour ses terres, et qui y est parvenu par son art.
Pour être montrées au public pour la première fois, les peintures au sol traditionnelles en wamulu, réalisées dans le cadre de cérémonies et vouées à disparaître une fois le rituel terminé, ont été fixées sur des panneaux à l’aide d’un liant. Si ces mosaïques florales racontant des rêves ancestraux, liés à l’eau, au feu ou à l’émeu, ce grand oiseau d’Australie aux longues jambes mais incapable de voler, ont perdu sur les panneaux où elles sont fixées quelque peu de leur fraîcheur et de leur vie, elles sont néanmoins un témoignage vibrant de ces créations ancestrales, qui s’accompagne d’un très beau film documentaire où l’on voit quatre artistes aborigènes exécuter une de ces peintures en wamulu, depuis la collecte de ces fleurs, que l’on hache pour les mélanger à des ocres, jusqu’à la représentation du rêve sur le sol désertique, au rythme de chants. L’exposition se poursuit, à l’étage inférieur, avec des photographies et vidéos d’artistes aborigènes contemporains qui racontent avec force et poésie ce que la colonisation a fait de leur terre.
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Le chant de la terre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Le chant de la terre
