Une idée lancée à la fin de 1994 vient de prendre forme à Lausanne : ses jardins ont été totalement transformés par des paysagistes, des artistes et des jardiniers pour offrir un nouvel aspect à la ville romande. Une invitation à redécouvrir la cité, dans un parcours qui débute sur les bords du lac Léman pour rejoindre les hauteurs de la vieille ville.
L’ambition de montrer l’art du jardin aujourd’hui, de donner plus de rythme, plus d’inventivité et de dynamisme aux espace verts du centre ville de Lausanne a guidé l’action de quelques Lausannois passionnés qui ont su trouver auprès des autorités locales le soutien qu’ils attendaient. Les partenaires public ont ainsi mis dans la balance 970 000 francs suisses (3 800 000 francs), à charge pour l’association organisatrice, Jardin urbain, de trouver 500 000 autres francs suisses (2 millions de francs) par le truchement de mécénats privés. Cet objectif a été largement dépassé pour atteindre près de 1 400 000 francs suisses (5 600 000 francs), ce qui situe le budget de l’opération à 2 370 000 francs suisses (9 480 000 francs). Le parcours débute à Ouchy, sur les bords du lac Léman, par la "Jangada", un jardin de saules conçu notamment par Jean-Jacques Borgeaud. Tout près, le Musée Olympique réunit sous le titre "Ulama, jeu de balle des Olmèques aux Aztèques", une sélection de reliefs, peintures et figures évoquant un jeu de balle sportif pratiqué dans la civilisation mésoaméricaine. Le Musée de l’Élysée, à quelques centaines de mètres, présente, en liaison avec Lausanne Jardin ‘97, "L’œuvre de Frederick L. Olmsted revisitée par Robert Burley, Lee Friedlander et Geoffrey James", ainsi que les photographies de Philippe Krauer qui mettent en scène des animaux naturalisés, monde incongru né de rencontres inédites et étranges.
"La ficelle", la tranchée du métro Lausanne-Ouchy dont l’aménagement a été confié à Gilles Clément, permet de monter sur les hauteurs de la ville à travers des ensembles fleuris inspirés de la prairie. Plus haut, l’esplanade de Montbenon a été l’objet d’une remise en perspective par Katrhyn Gustafson et François Paris, le jardin étant peuplé d’une série d’objets sonores. En remontant vers la cité, la rue de la Tour, conçue notamment par Setsuko Nagasawa, est ornée de quatorze bacs en osier tressé exhalant tous les parfums des plantes vivaces et séchées. Place de la Riponne, devant le Musée des beaux-arts, des parterres et un rideau de glycines égaillent un peu cet espace envahi par le béton. Le Musée cantonal des beaux-arts réunit, pour la première fois en Suisse, une collection de sculptures, peintures, dessins, mais aussi photographies et documents de vingt-quatre artistes du mouvement Cobra, officiellement éphémère puisqu’il fut fondé à Paris le 8 novembre 1948 pour être dissous en 1951. Débutant par un bel ensemble de peintures danoises datant de l’occupation allemande, l’exposition se poursuit avec des pièces d’Atlan, Jorn, Constant, Dotremont ou Aleschinski, ce dernier ayant notamment prêté la majorité des documents qui viennent compléter la manifestation. Derrière le musée, dans le jardin du Palais de la Rumine, l’artiste allemand Thomas Huber a installé sur les bord d’un bassin en demi-lune un petit homme orange, avec un corps d’enfant et un visage d’homme. Enfin, dans les faubourg de la ville, la Fondation de l’Hermitage, en coproduction avec les Musées de Marseille, présente une rétrospective de l’œuvre du peintre français Charles Camoin (1879-1965). L’artiste rencontra très jeune Matisse, Marquet mais aussi Cézanne. Il exposa au Salon d’Automne de 1905 dans la salle des Fauves – même s’il resta prudemment en dehors de tout mouvement – et participa à l’exposition de l’Armory Show à New York, en 1913, avant de rencontrer Renoir à Cagnes-sur-Mer en 1918.
COBRA, ART EXPÉRIMENTAL 1948-1951, jusqu’au 14 septembre, Musée cantonal des beaux-arts, Palais de Rumine, 6 place de la Riponne, Lausanne, tél 41 21 312 83 32, mar. mer. 11h-18h, jeudi 11h-20h, vend. sam. dim. 11h-17h.
L’ŒUVRE DE FREDERICK L. OLMSTED REVISITÉE PAR ROBERT BURLEY, LEE FRIEDLANDER ET GEOFFREY JAMES. PHILIPPE KRAUER : ZOO-LOGIQUES, jusqu’au 7 septembre, Musée de l’Élysée, 18 avenue de l’Élysée, tél. 41 21 617 48 21 tlj sf lundi 10h-18h, jeudi 10h-21h.
CHARLES CAMOIN, SOUS LE SIGNE DE CÉZANNE ET DU FAUVISME, jusqu’au 5 octobre Fondation de l’Hermitage, 2 route du Signal, tél. 41 21 320 50 01, tlj sf lundi 10h-18h, jeudi 10h-21h.
ULAMA, JEU DE BALLE DES OLMÈQUES AUX AZTÈQUES, jusqu’au 12 octobre, Musée Olympique, quai d’Ouchy, tél. 41 21 621 65 11, tlj sf lundi 10h-19h, jeudi 10h-20h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Lausanne, jardins faisant
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Manifestations estivales
BOTANIQUES : SCIENCES ET ART, jusqu’au 13 juillet, Fondation Claude Verdan, 21 route du Bugnon, tél. 41 21 314 4955.
GILLES CLÉMENT : LE PAYSAGE RÉINVENTÉ. JARDINS DE MENTON : FONTANA ROSA, PHOTOGRAPHIES DE KARL-DIETRICH BÜHLER, jusqu’au 7 septembre, Musée des arts décoratifs, 4 av. Villamont, tél. 41 21 323 0756
JARDINS ANTIQUES, jusqu’au 28 septembre, Musée Romain de Vidy, 24 chemin du Bois-de-Vaux, tél. 41 21 625 10 84
Concerts
"Schubert dans les jardins de Lausanne", une minischubertiade organisée par la Radio Suisse romande-Espace 2, dimanche 24 août. Ensemble de trompettes et percussions du Conservatoire de Lausanne, Théâtre de verdure, esplanade de Montbenon, vendredi 19 septembre
Films
Cinémathèque Suisse, allée Ernst-Ansermet 3. Cycle de films "Les jardins des délices", jusqu’au 6 juillet
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : Lausanne, jardins faisant