L’art vandale de Saeio squatte le Frac

Né en 1987 à Paris, ce jeune plasticien conçoit sa démarche comme une pratique élargie de la peinture qui, en variant les disciplines (dessin, chorégraphie, marche, photographie, poésie, mode), cherche à faire se rencontrer justice et art. Faisant l’objet depuis 2014 d’une procédure judiciaire pour ses tags illégaux perçus comme « dégradations volontaires de bien d’utilité publique, pénétration et circulation sur voie ferrée », Saeio prend le parti de mettre en abyme son action de graffeur : de la réalisation de ses graffs via des projections vidéo du tagueur au travail dans la rue à leur contemplation dans une institution – une peinture recto-verso de 2016 est exposée –, le visiteur est convié à appréhender les phases successives du graff, à savoir les étapes intermédiaires du phénomène urbain, telles que la part de hasard, le jeu des graffeurs qui recouvrent les tags d’autrui, l’intervention des policiers qui investiguent et celle des agents municipaux « effaceurs ». Par le biais de quelques vitrines ironiques dévoilant des peintures « très Supports/Surfaces » sur camions et stores de boutiques ainsi que des documents judiciaires de la brigade anti-tags de Paris, le spectateur est habilement invité à pénétrer la sphère du graffiti illégal, où se mêlent milieux et mondes différents, afin d’interroger le statut équivoque du tag aux yeux de l’art, de la loi et de la société.