L’art textile comme éloge du métissage

Sur les trois niveaux du Transpalette, une trentaine de plasticiens, tant historiques, tels Raymonde Arcier, Hessie et Ghada Amer, que « juniors », comme Raphaël Barontini et Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, sont réunis, via une géographie étendue et une pluralité des médiums textiles, pour démontrer que leurs œuvres métissées sont en fait des supports de lutte et d’engagement. Agencée en trois parties distinctes mais complémentaires (l’histoire et la représentation des corps noirs, l’expérience de l’exil, l’expression plastique d’engagements féministes), cette remarquable exposition évite les écueils du genre (le fourre-tout, le féminin, le folklorique) en portant moins sur les dimensions fonctionnelles et décoratives des matériaux textiles que sur une fine analyse de leur charge poétique et politique. À l’arrivée, on ressent bien, ici comme au Mac/Val, avec « Tous, des sang-mêlés » (2017), dont Julie Crenn était la co-commissaire, que ces artistes, loin de s’enfermer dans un certain retour à l’ordre actuel se rassurant avec des dichotomies simplistes (le bien et le mal, le blanc et le noir…), multiplient a contrario les hybridations, les remix et les reprises pour affirmer une identité culturelle plurielle et complexe, rejoignant la « créolisation du monde » si chère au poète visionnaire Édouard Glissant.