L’art en couples

À première vue, cette exposition consacrée à « des duos et des couples » d’artistes peut sembler, ou parfaitement vaine, ou passablement racoleuse, avec son côté people (qui est avec qui ?) et le « premier degré », si ce n’est le degré zéro, de sa présentation dans le catalogue : rose et bleu layette, en couverture et au fil des pages, pour bien marquer qui est l’homme, qui est la femme.
L’examen des œuvres ne nous avance pas davantage. Celles-ci dénotent souvent des proximités (André Utter-Suzanne Valadon, Hans Bellmer-Unica Zürn) rarement de franches disparités entre les deux artistes partenaires. On se contentera des bonnes surprises – il y en a –, tel le magnifique dessin aux crayons de couleur de Jacqueline Lamba, telle la superbe toile de Kay Sage face à un morne Yves Tanguy. Ou encore, face à un insignifiant crobard de Picasso, la très picassienne Lampe de Françoise Gilot, dont un détail saute aux yeux : la jeune fille qui allume la lampe électrique semble hypnotisée par une partie de cet instrument qui figure littéralement... un sexe masculin. Mis à part cette « image dans le tapis », le sexe et l’érotisme sont singulièrement absents de ces duos d’artistes, qui, décidément, nous laisseront sur notre faim. Une faim qu’auraient pu tromper les deux grandes signatures figurant au catalogue, Tzvetan Todorov et Nancy Huston. Si cette dernière met bien les pieds dans le plat en pointant la dimension politique du thème – la situation de la femme artiste, son sacrifice au moins partiel au sein du couple artiste –, elle ne fait qu’effleurer un sujet qui aurait été passionnant, à condition d’être réellement traité. À défaut, concédons que cette manifestation aura eu le mérite d’attirer un peu l’attention sur des figures négligées, voire oubliées, de l’histoire de l’art.