Un homme allongé sur le sable utilise son corps pour épouser le mouvement d’une vague, une collection d’avocatiers s’épanouit à la lumière naturelle, un intervenant réalise in situ des compositions abstraites en rangeant des crayons de couleur alignés sur une table, une femme fait la sieste pour faire l’éloge de la paresse…
Au croisement de l’art minimal, de la performance, du Land Art et de l’Arte Povera, vingt-deux artistes internationaux, sélectionnés avec finesse par la commissaire Claire Le Restif, présentent des œuvres poético-politiques, produites de 1960 à nos jours, qui fuient le spectaculaire et les effets de manche afin de réaliser un art proche de Monsieur tout le monde. Avec une grande économie de moyens, des plasticiens tant confirmés (Blazy, Le Gac, Pane…) qu’émergents (tel le jeune Colombien Marcos Avila Forero) s’opposent ouvertement à la forme plastique parachevée et à la demande de productivité frénétique pour, a contrario, affirmer un rapport poétique au sensible. L’écriture, la musique, la marche, le jardinage, l’observation du banal, la collection modeste et autres jeux sont ici autant de pratiques récréatives invitant le visiteur à interroger son regard porté sur l’art et la vie confondus. Proche de la pensée d’un Jankélévitch qui célébrait dans son ouvrage philosophique Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien l’esthétique de l’ineffable et la précarité de l’existence, cette exposition collective, bénéficiant d’un accompagnement pédagogique irréprochable, est à vivre telle une balade réflexive multipliant les rapprochements délicats entre œuvres précaires et fragilité de l’humaine condition.
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L’art du je-ne-sais-quoi et du presque-rien
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Abonnez-vous dès 1 €Centre d’art contemporain d’Ivry, Le Crédac, La Manufacture desœillets, 25-29, rue Raspail, Ivry-sur-Seine (94), www.credac.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : L’art du je-ne-sais-quoi et du presque-rien