Au début, les bibliophiles les ont haïs, et, s’ils ne les ont pas jetés au feu, du moins les ont-ils boudés.
Il faut dire que, avec leurs lithographies en couleurs, leurs illustrations d’artistes d’avant-garde qui leur paraissaient alors menacer le texte, leurs caractères anciens et presque oubliés, les livres illustrés de luxe édités par Ambroise Vollard faisaient fi des codes de l’édition. S’il fut le promoteur génial et audacieux de Cézanne, de Gauguin ou du jeune Picasso, qui firent sa fortune, les éditions limitées furent pour Vollard un gouffre financier, et il ne manqua pas de souffrir du dédain des collectionneurs. C’est pourtant avec émerveillement que nous découvrons aujourd’hui ses éditions réunies et présentées dans le cadre de l’exposition que leur consacre le Petit Palais, bénéficiaire de nombreux dons et legs de Vollard lui-même et de ses héritiers. De Fantin Latour, Chagall et Rouault, en passant par Bonnard, qui illustra avec éclat Parallèlement de Verlaine, le célèbre marchand entraîna en effet dans son aventure les maîtres de l’avant-garde comme les jeunes artistes encore peu connus, mais qui allaient le devenir. Alors que la révolution qu’il avait initiée dans le champ de l’édition portait enfin ses fruits et que ses estampes et ses ouvrages illustrés éveillaient un enthousiasme croissant, Vollard mourut accidentellement en 1939. Henri-Marie Petiet, qui se fournissait auprès de lui, acheva les projets éditoriaux en cours et reprit le flambeau. L’exposition lui rend un hommage délicat.
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L’art de l’estampe selon Vollard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : L’art de l’estampe selon Vollard