L’art de la table

Malgré son titre « À table(s) », il n’est question ni d’une exposition d’art culinaire, ni d’une réflexion sur l’usage de la nourriture dans l’art contemporain. Il s’agit d’envisager la table en tant qu’objet, dans sa matérialité – sa surface, ses limites –, pour sa valeur d’usage, dans sa dimension sociale ou symbolique. « Il y a là un vrai sujet », déclare Dominique Marchès, directeur artistique du domaine, en soulignant modestement qu’il y est « entré par l’anecdote ». Investissant l’ensemble du château, l’exposition favorise en chaque salle les rapprochements entre plusieurs artistes. Les photographies d’Agnès Varda – extraites de son film Les Veuves de Noirmoutier –, celles d’Édouard Levé – des hommes cravatés signant un contrat – et l’installation de Thierry Mouille – une table de réunion impossible – créent ainsi une ambiance particulière dans une pièce où pèse le poids de l’absence et du silence. La table aux mille et un tiroirs secrets de Nathalie Elemento occupe quant à elle le centre de la bibliothèque, sous le regard d’un mystérieux jeune homme photographié par Régina Virserius, perdu dans ses pensées. Qu’il s’agisse ensuite de Saverio Lucariello, Karen Knorr et Bernard Moninot réunis dans une salle étrange où se côtoient vanités, nus académiques et instruments absurdes, de Michelangelo Pistoletto dont les tables-miroirs reflètent une vidéo de Pierre Coulibeuf, des photographies de Maike Freess ou de la Tour de tables de Julien Berthier, chaque salle brille par sa pertinence, dans le choix des œuvres comme dans celui de leur confrontation.