De sa naissance à sa mort, Joseph Beuys a fait de sa vie une véritable légende.
On sait les conditions dramatiques dans lesquelles, pilote de guerre, son avion s’est fait abattre au-dessus de la Crimée et comment il en est ressorti vivant grâce au secours que lui ont porté les populations nomades. D’où l’usage dans son œuvre du feutre et de la graisse, matériaux utilisés par ses sauveteurs pour le soigner. Des rapports de l’art et de la médecine, ou plus exactement de l’art utilisé comme médecine, le siècle qui s’achève a connu de nombreux exemples. Pour mémoire, rappelons que Matisse prêtait volontiers ses œuvres à ses amis malades, estimant qu’elles pouvaient les aider à supporter leurs souffrances. Les notes de Léger relatives à la décoration murale de l’hôpital de Saint-Lô sont révélatrices de la conscience qu’il avait de participer par son travail à une véritable action curative. Pour des artistes comme Tàpies et Sam Francis, l’œuvre opère comme remède par sa seule beauté, son pouvoir proprement irradiant. Dans une actualité préoccupée du corps, on relève chez un certain nombre d’artistes contemporains une même préoccupation au regard de la potentialité thérapeutique de l’art. Ainsi chez Thomas Struth, Lygia Clark, Fabrice Hybert, Marie-Ange Guilleminot ou Claire Roudenko-Bertin. L’exposition d’Antibes a le mérite de souligner que ce n’est pas l’art qui est malade mais bel et bien la société, et que l’art est à même de lui porter remède, si nécessaire.
ANTIBES, Musée Picasso, jusqu’au 10 octobre.
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L’art comme médecine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : L’art comme médecine