L’art aux marges de nos villes

Sous l’étrange titre de « Paysages d’entre-villes » se cache une présentation fort juste de ces territoires qui constituent les marges de nos villes, ces espaces en semi abandon, ces zones interstitielles situées en périphérie des grands centres urbains. Indéniablement, ces paysages étranges exercent une sorte de fascination sur nous. Ils réactualisent d’une certaine manière un vieux fond romantique dont nous ne savons nous séparer. C’est bien dans ces non-lieux que l’imaginaire contemporain place de préférence les nouveaux mystères, les légendes et frayeurs qui autrefois hantaient les sombres forêts d’Europe. Le cinéma actuel n’hésite d’ailleurs pas à placer ses plus terrifiants scénarii dans ces territoires à l’abandon. Le Musée Zadkine expose actuellement des artistes (Ossip Zadkine, Istvan Balogh, Jan Kopp, Cécile Le Prado) qui travaillent sur ces franges incertaines. Emblématique de cette démarche, le groupe romain Stalker propose un voyage initiatique dans la périphérie de Rome.
Le photographe Emmanuel Pinard travaille, lui, sur la grande banlieue parisienne en enregistrant cette topologie de l’incertain où des parcelles ne sont déjà plus des champs. Ancien élève de l’Ecole
du Paysage de Versailles, Didier Courbot présente quelques images de déplacements au sein des systèmes peri-urbains. Quant à Thibaut Cuisset, il expose son dernier travail photographique réalisé en Turquie. Mais l’une des contributions les plus intéressantes reste celle de Philippe Lepeut qui répertorie les plantes des terrains vagues. Au fil de son inventaire, il découvre que ces plantes sont originaires d’Asie et furent sans doute importées au fil des siècles.