Première grande exposition consacrée à l’art d’outre-Rhin au Louvre, « De l’Allemagne » se distingue par un parti pris inattendu, celui du regard subjectif assumé.
« Dès la genèse du projet, nous avons décidé de ne pas montrer la succession des “ismes” de l’histoire de l’art, du romantisme à l’expressionnisme, mais de mettre en exergue les grands thèmes structurants de l’art et de la culture allemands, de la naissance de la nation moderne jusqu’à l’avènement du nazisme, quitte à éluder certains courants », explique Sébastien Allard, conservateur au Louvre et commissaire de l’exposition avec la philosophe Danièle Cohn. Un parti pris ambitieux, stimulant, mais risqué, tant l’art allemand est mal connu en France, et souvent réduit à quelques clichés, comme l’âme faustienne ou celui d’un art excessivement intellectuel.
Pas de vision exhaustive, donc, ni de didactisme appuyé, mais la volonté de développer un propos, certes exigeant, mais sensible. Les commissaires ont d’ailleurs choisi d’organiser leur démonstration à la manière d’un opéra, divisé en trois actes, ménageant de vraies ruptures conceptuelles. Les différentes parties sondent ainsi le rapport à l’Histoire (via les sources d’inspiration invoquées par les artistes), le rapport à la nature (à travers la tension constante entre approche scientifique et idéalisme) et, dans le dernier acte, le plus poignant comme dans tout opéra réussi, le rapport à l’homme (avec une réflexion sur la représentation de l’humanité souffrante au XXe siècle).
Pour narrer cette grande fresque, le Louvre outrepasse ses frontières chronologiques et ouvre ses cimaises à des médias absents de ses collections, comme la photographie, dévoilant une impressionnante galerie de portraits d’August Sander, conservée à Cologne. Car la réussite de l’exposition réside aussi dans la coopération des musées allemands, qui ont fourni certaines de leurs plus belles pièces (Friedrich, Böcklin, Dix). Les chefs-d’œuvre attendus sont au rendez-vous, côtoyant des artistes plus confidentiels, à l’instar de Käthe Kollwitz et des Nazaréens.
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L’art allemand sans cliché mais avec parti pris
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Abonnez-vous dès 1 €« De l’Allemagne, 1800-1939. De Friedrich à Beckmann », Musée du Louvre, Palais du Louvre, place du Carrousel, Paris 1er, www.louvre.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°657 du 1 mai 2013, avec le titre suivant : L’art allemand sans cliché mais avec parti pris