Dire que le second conflit mondial mobilisa le front comme l’arrière, imposant à tous son économie de guerre, est chose entendue.
Pourtant, dans le domaine de l’architecture, la période reste un point aveugle, considérée soit comme sensible – certains architectes ayant mis leurs compétences au service de régimes fascistes –, soit comme un non-sujet – un bunker peut-il être sérieusement un sujet d’étude en école d’archi ? Encensée lors de sa présentation au Centre canadien d’architecture en 2011, l’exposition « Architecture en uniforme » vient donc combler une lacune historiographique et cristalliser grâce à l’excellente publication qui l’accompagne une vingtaine d’années de recherches – celle-ci a même reçu le prix du livre d’architecture en 2012. Mais revenons à l’exposition elle-même. Divisée en dix-sept grandes thématiques, elle illustre une nouvelle fois la difficulté à exposer de l’architecture à travers essentiellement des documents (plans, dessins, photographies…), certes tous d’une grande qualité, ainsi qu’à rendre compte spatialement d’une recherche aussi vaste. Car tout ce qui a trait au domaine y est abordé, de la conception d’ustensiles ménagers bon marché à l’art du camouflage de bases militaires, en passant par le préfabriqué et la construction d’usines d’armement… Tous ces aspects ont en commun de répondre à l’urgence de la situation, qui va accélérer l’innovation et la recherche, la vitesse de construction et l’ampleur des bâtiments – le Pentagone est construit en quelques mois par une armée de cent architectes – et le développement d’agences – l’agence Kahn Associates à Detroit emploie plus de six cents personnes en 1942. D’autres aspects, plus sensibles ou d’un tout autre ordre, sont malheureusement abordés sans hiérarchie claire dans le parcours, comme la mise en scène du procès de Nuremberg par le paysagiste Dan Kiley ou l’évocation des architectes prisonniers. On ressort quelque peu étourdi par l’ampleur du sujet, traité à marche forcée en l’espace d’un unique parcours.
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L’architecture au pas
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : L’architecture au pas