SAINT-CLOUD - « On ne peut, sans l’avoir vu, se faire l’idée d’un pareil désastre, et l’on devrait garder Saint-Cloud comme une Pompéi de la destruction » : en mars 1871, Théophile Gautier dans Tableaux de siège semble abasourdi par l’importance de la destruction de ce petit bourg au sortir de la guerre perdue par la France contre les Prussiens.
Le château n’est plus que ruines et le village a été l’objet d’une destruction systématique des troupes prussiennes, frustrées de se retrouver coincées aux portes de Paris. En une année, Saint-Cloud est ainsi passée du statut de haut lieu de promenades et de jeux à celui de ville fantôme. Le Musée des Avelines, y consacre sa deuxième exposition. « Il est tout de suite apparu, au regard de nos collections, que cette période était d’une très grande importance » pour Saint-Cloud, explique Emmanuelle Le Bail, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Une importance que l’historiographie oubliera au regard des événements contemporains de la Commune.
Deux traumatismes vécus par Saint-Cloud rythment l’exposition : la destruction du château le 13 octobre 1870 par un obus français et l’incendie de la ville par les Prussiens, maison par maison. Pour illustrer ces épisodes terribles, le musée expose quelques perles de son large fonds de photographies et de gravures. Dix vues stéréoscopiques datant d’avant la destruction du château rappellent le cadre fastueux et les décors luxueux d’un domaine tourné vers les plaisirs de l’empereur et de sa famille. La Galerie d’Apollon peinte par Mignard ou l’escalier d’honneur en ruine sont ensuite largement visités entre 1871 et 1892. Pendant 22 ans, les ruines de Saint-Cloud fascinent les artistes et les photographes, qui en tirent clichés et gravures, tant romantiques que réalistes. Les conséquences de l’incendie de Saint-Cloud sont illustrées par une série d’eaux-fortes de l’artiste François Pierdon en 1871. Soldats ennemis, ruines, réfugiés, l’artiste n’épargne aucune destruction. Les photographies contemporaines montrent également une ville meurtrie qui se relèvera en seulement quatre ans.
jusqu’au 24 mars, Musée des Avelines, 60 rue Gounod, 92 210 Saint-Cloud, tél. 01 46 02 67 18, du mercredi au samedi, 12h-18h, dimanche 14h-18h. Catalogue, éd. du musée, 36 p., 7 €
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L'année terrible
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Abonnez-vous dès 1 €Charles Maindron, Escalier du château de Saint-Cloud en ruine, envahi par la végétation, fin XIXe siècle, photographie, 30,5 x 24 cm, musée des Avelines, Saint-Cloud. © Musée des Avelines.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°386 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : L'année terrible