La Fondation Cartier offre, avec « América Latina 1960-2013 », une perspective nouvelle sur la photographie latino-américaine de 1960 à nos jours, en explorant plus particulièrement la relation entre texte et image.
Près de cinq cents œuvres, créées par soixante-douze artistes issus de onze pays, invitent par le biais de quatre chapitres (Territoires, Villes, Informer-Dénoncer, Mémoire et Identités) à une véritable plongée dans l’histoire de cette région du monde, hors des sentiers battus. Sur deux niveaux, au sein d’une scénographie agréable à parcourir, le visiteur découvre une multitude de propositions (photomontages, collages, installations, performances) où la photographie prend de multiples formes. Des mots écrits apparaissent avec passion sur les murs. Les tracts ou les pancartes de manifestations sont à la fois documents et expressions artistiques. Pour le plasticien, qu’il vienne du Mexique, de la Terre de Feu ou d’ailleurs, il s’agit de montrer toute la liberté de son art face à la pensée unique imposée par les dictatures.
Pour rappeler que « L’Amérique latine » est une notion superficielle inventée par l’Europe coloniale, la Brésilienne Regina Silveira présente un Latin American Puzzle (1997) géant qui permet de faire bouger les frontières. Ce besoin de faire sienne cette terre passe aussi par l’engagement du corps même de l’artiste ; le Chilien Elías Adasme se photographie en 1979-1980 dans différentes postures, son corps se faisant ici métaphore de la souffrance de son pays sous la dictature du général Pinochet. Quant à la question de l’identité, qui révèle une société tiraillée entre tradition et modernité, elle parcourt toute l’expo : coup de cœur pour Susana Torres, qui, en photographiant des produits de consommation à l’authentique « saveur péruvienne » des marques Inka ou Inca, ironise sur la récupération stéréotypée de l’héritage Inca par la grande distribution. Le catalogue de l’exposition, riche en reproductions et en textes analytiques, permet de prolonger la visite en approfondissant la connaissance des langages visuels propres à ce continent fascinant.
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L’Amérique latine sous un nouvel angle
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris-14e, fondation.cartier.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°665 du 1 février 2014, avec le titre suivant : L’Amérique latine sous un nouvel angle