Coïncidence des programmations ou non, l’Amérique est à l’honneur de plusieurs institutions européennes, et plus précisément son expansion au XIXe siècle. Une centaine d’années durant lesquelles les Américains se sont employés à forger l’image de l’Amérique et à en construire l’identité culturelle. Grâce au procédé photographique, démocratique et simple, cette nation, que les Européens s’emploient systématiquement à qualifier de jeune, va s’attacher à se défaire de l’encombrant héritage du vieux continent. La photographie deviendra au cours de ce siècle l’outil privilégié de la conquête des libertés et de la consolidation d’une culture et d’une pensée proprement américaines. Les 180 photographies originales exposées à Paris démantèlent le fameux rêve américain, entre un idéal mythique et des réalités écologique, économique et sociale parfois brutales. Si les thèmes retenus ne sont pas toujours confondants de nouveauté et de pertinence (« Tous les hommes naissent égaux »,
« Fabriquer le rêve »...), l’ensemble de clichés vernaculaires et de photographies de maîtres comme Muybridge ou Watkins, est, lui, d’une extraordinaire qualité. On échappe aux sempiternelles vues du grand Ouest, à la glorification de l’industrie du cinéma hollywoodien et aux scènes de rues tant diffusées. Les choix du collectionneur Stephen White font mouche avec des témoignages étonnants comme cette femme photographiée en 1848, tenant devant l’objectif un daguerréotype la montrant avant son régime, ou ce panorama, rare, dévoilant San Francisco rasée par le tremblement de terre de 1906. Si la plupart des images sont à la gloire de ce pays, le cauchemar n’est jamais loin du rêve.
- PARIS, Hôtel de Sully, 62, rue Saint-Antoine, tél. 01 42 74 47 75, 29 mars-16 juin.
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L’Amérique en chantier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : L’Amérique en chantier