Dès le seuil de la vaste salle accueillant les œuvres d’une quinzaine d’artistes issus de la scène africaine contemporaine, une saisissante installation accueille le visiteur.
Dans une pénombre savamment calculée, le regard discerne progressivement des objets recouverts d’une matière noire et brillante, posés sur le sol comme des épaves, fragiles vestiges de vies prématurément brisées. Le film noir sur Lampedusa de Clay Apenouvon (né en 1970 au Togo) évoque avec une rare densité une « banale » tragédie contemporaine : la mort par noyade d’innombrables humains sans papiers, donc sans droits. La suite de l’exposition, sobrement scénographiée par François Viol, immerge le spectateur dans une mise en abyme des dynamiques mais aussi des souffrances et des inquiétudes qui irradient aujourd’hui le continent africain. Chaque artiste circonscrit un thème bien spécifique. Tous sont essentiels. Citons les photographies de corps recouverts d’un linceul de Mouna Karray (née en Tunisie en 1970), les images radicalement épurées des prostituées d’Addis-Abeba de Michael Tsegaye (né en Éthiopie en 1975), les troublantes présences des « nounous » de Bamako (Mali) photographiées par Malik Nejmi (né en France en 1973). Chacune porte dans ses bras un enfant handicapé, ici devenu une simple et terriblement présente ombre chinoise noire ! Les femmes accusées de sorcellerie et exclues de leur village – une vidéo et des photographies de Nyaba Léon Ouédraogo (né en 1978 au Burkina Faso) –, l’évocation des femmes combattantes lors de la guerre de libération algérienne, par Nadja Makhlouf (née en 1981 en France), et neuf autres propositions apportent d’intenses témoignages sur une Afrique riche en passions contradictoires.
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L’Afrique et ses contradictions
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : L’Afrique et ses contradictions