L’Afrique d’Hervé Télémaque

Hervé Télémaque fait partie de cette génération d’artistes qui doute de la peinture, cette génération
qui ne cesse de s’interroger sur l’acte pictural même, sur les raisons qui peuvent pousser à produire une image. Après une courte période abstraite, les premières œuvres de ce membre éminent de la Figuration narrative proposent un ensemble de signes qui envahissent la toile, la contaminent jusque dans ses moindres recoins. Ces éléments divers constituent alors une sorte de biographie ouverte. Ils ne sont là que pour évoquer le rapport que l’artiste entretient personnellement avec le monde. Ils constituent de ce fait une sorte de chronique métaphorique de la vie de l’artiste. Dépourvues de la moindre logique narrative, ces œuvres évoquent les impressions ressenties par l’artiste dans son rapport quotidien avec les éléments du réel. Trottoirs d’Afrique à l’acrylique, sa plus récente série,
est réalisée à partir de ses souvenirs de voyages effectués dans près d’une douzaine de pays africains. Plus qu’une énumération d’objets avec sa hiérarchie, les toiles proposent une sorte de bric à brac d’éléments accumulés les uns à côté des autres. Tout est équivalent. La composition ne sert qu’à répartir du mieux possible ces divers objets sans véritable rapport si ce n’est celui de provenir d’Afrique. Réalisées avec une peinture acrylique à la texture froide, les toiles s’organisent autour d’une ligne horizontale qui permet à Télémaque de distribuer les éléments selon deux registres aux teintes pastel. Ni véritable journal intime des déambulations de Télémaque, ni même compilation hétérogène de ses impressions, ses œuvres ouvrent un espace inédit d’expériences dans lequel le spectateur est invité à s’immerger.