Les Guerilla Girls pointent la faible place dévolue aux minorités dans les institutions culturelles.
LONDRES - « Est-ce pire en Europe ? », interrogent les Guerilla Girls avec l’exposition que leur consacre à Londres la Whitechapel Gallery. Le sujet tient dans l’approche et le traitement de la diversité effectués par les institutions européennes dévolues à l’art contemporain, en particulier la présence et la visibilité des femmes et des minorités, sexuelles et géographiques. C’est le fruit d’une véritable enquête que les activistes new-yorkaises livrent ici.
Le dispositif n’a rien de spectaculaire : passé un vestibule, où sur une vidéo défilent des images d’une sélection de leurs slogans et interventions passées, le visiteur pénètre dans une salle tapissée du sol aux murs de statistiques provenant des réponses à un questionnaire adressé à 383 institutions européennes, et dont les formulaires ont fait l’objet d’une compilation consultable sur place.
Le fait que seulement 101 structures (un quart), aient répondu est révélateur. En France, seuls la Fondation Cartier, le Mamac de Nice, le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Lorraine et Centre régional d’art contemporain Alsace ont joué le jeu, quand tous les autres, le Centre Pompidou, Bétonsalon, le Jeu de paume, le MAC/VAL, le Palais de Tokyo, le LaM ou encore le CAPC, ont fait la sourde oreille. Très directes, les questions posées portent sur le pourcentage d’artistes femmes présentes dans les collections des musées, ou le nombre de femmes et d’artistes non originaires d’Europe et d’Amérique du Nord ayant bénéficié d’expositions personnelles au cours des cinq dernières années. On apprend par exemple que seulement 14 des musées ayant répondu ont dans leur collection plus de 20 artistes non occidentaux.
Curieuse corrélation
Si elle est révélatrice et informative, cette enquête pose problème dans la mesure où elle semble faire le lien entre la sous-représentation – évidente et nullement acceptable – des femmes et minorités et les facteurs relatifs à la fréquentation ou au niveau financier des acquisitions. Ce qui est largement déconnecté du sujet ; en tout cas au travers de questions telles que « Combien d’œuvres de plus 100 000 euros avez-vous acheté l’an dernier ? » ou « Quelle exposition a eu le plus d’audience au cours des cinq dernières années et combien de visiteurs l’ont vue ? » La Kunsthalle de Vienne a d’ailleurs fait part de son étonnement et interrogé en retour : « Ces questions et résultats sont-ils les méthodes les plus appropriées pour définir le succès ou l’égalité ? » La question se pose en effet.
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La visibilité des minorités
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 5 mars, Whitechapel Gallery, 77-82 Whitechapel High Street, London, Angleterre, tél. 44 (0)20 7522 7888, whitechapel.org, tlj sauf lundi 11h-18h, jeudi 11h-21h, entrée libre.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : La visibilité des minorités