Le Royaume-Uni est décidément à la mode de ce côté de la Manche. L’exposition de l’ARC se veut un panorama alternatif de l’art contemporain et fait la part belle aux collectifs d’artistes.
PARIS. Aux antipodes du "Siècle de sculpture anglaise" qui, au Jeu de Paume cet été, présentait parcimonieusement les grands noms de l’art anglais, "Life/Live" veut rendre littéralement compte du bouillonnement de la création contemporaine de Londres à Belfast et Glasgow. De très nombreux artistes y ont été invités, représentants d’une approche alternative qui trouve sa meilleure traduction avec les collectifs d’artistes, désignés sous le terme d’Artist-run Spaces. La plupart des participants à cette exposition ont aux alentours de la trentaine ; mais on trouve aussi parmi eux des aînés qui sont restés méconnus en France, comme John Latham, David Medalla, Gustav Metzger. Sont également présents Gilbert and George, dont on peut voir des vidéos.
Découverte ?
Nombre d’entre eux, qui ont quelques années de travail derrière eux, sont tout à fait inconnus. On relèvera pourtant les noms d’Angela Bulloch, Mat Collishaw, Douglas Gordon, Mona Hatoun, Betan Huws, Damian Hirst, Steven Pippin ou Richard Wentworth, présentés par des galeries ou des centres d’art en France. Cette exposition est donc avant tout une invitation à la découverte d’une "scène" dont on ne cesse de vanter la vitalité et qui, à bien des égards, fait figure de modèle, surtout quand on se rappelle les effets a priori dissuasifs de la politique thatchérienne. Ce paradoxe constitue sans doute l’un des aspects les plus intéressants de la manifestation qui, par ailleurs, assume mal sa vocation panoramique.
Objets néo-dadaïstes et corps vitrifiés
Le mieux est hélas l’ennemi du bien, et il faut plus que de la patience ou de la bonne volonté pour faire un tri que les commissaires, Laurence Bossé et Hans-Ulrich Obrist, ont renoncé à faire. Ce n’est sans doute pas le meilleur moyen de promouvoir l’art anglais, et l’ensemble garde un côté portes ouvertes d’école d’art. Dans le dédale des salles ou dans la profusion des vidéos présentées dans la salle Dufy, on retrouve bien souvent les clichés et poncifs les plus éculés de l’art contemporain. Les objets néo-dadaïstes et les corps vitrifiés par la photographie ou l’écran vidéo sont légion. Faire du neuf avec de l’ancien n’est pas en soi un défaut fatal, mais il en découle fréquemment une tendance pathétique à la redondance que les artistes britanniques cultivent, si l’on s’en tient à cette sélection, avec une inconscience consternante.
LIFE/LIVE, LA SCÈNE ARTISTIQUE AU ROYAUME-UNI EN 1996, de nouvelles aventures, jusqu’au 5 janvier, ARC, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, tlj sauf lundi 10h-17 h, samedi-dimanche 10h-18h45. Catalogue sous la direction de Laurence Bossé et Hans-Ulrich Obrist, éditions Paris-Musées, deux volumes (154 et 258 p.), 295 F.
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La vie outre-Manche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : La vie outre-Manche