La transmutation des éléments selon Chen Jialing

Paris. Figure de l’art contemporain chinois, le peintre et céramiste Chen Jialing (né en 1937) présente pour la première fois son œuvre en France. Peintures à l’encre, polyptyques, céramiques, calligraphies et tapisseries en fils de soie occupent le Réfectoire des Cordeliers, un lieu privatisable en plein Paris. L’exposition fait partie du projet « Our Water », organisé par la Shanghai International Culture Association en vue de renforcer les échanges culturels entre Shanghaï et Paris en 2024, célébrant par la même occasion 60 ans de relations diplomatiques entre la France et la Chine.

La présentation s’articule autour du thème de l’eau, élément prédominant dans la pensée chinoise et récurrent dans l’œuvre de l’artiste. « Une vie au bord du fleuve », sous le commissariat de Cao Dan et He Jing, fait écho à la topographie de Shanghaï et de Paris, bordées par le Suzhou et la Seine, mais aussi à la pratique artistique de Chen Jialing qui utilise l’eau comme médium et source d’inspiration. La plupart des 40 œuvres présentées ont été créées pour l’occasion. Éminent représentant de l’école de Shanghaï, l’artiste âgé de 87 ans associe culture traditionnelle et modernité. Ses peintures à l’encre allient contemporanéité des formes et recours à un matériau ancestral, le papier Xuan. Chen Jialing se réapproprie également la technique de la céramique, qu’il soumet à toutes sortes d’expérimentations. « Il donne beaucoup de liberté au feu tout en recherchant une certaine sobriété dans l’émail », explique He Jing.

La transmutation des éléments, au cœur de sa démarche artistique, a également guidé la forme du parcours, pensé comme une déambulation dans un espace en constant changement. « L’exposition a été faite sur mesure pour le Réfectoire des Cordeliers, précise Cao Dan. Je suis venue voir les lieux pour la première fois en juillet 2023, et nous avons ensuite décidé de présenter de grands formats, qui s’accordent bien mieux à la taille de la salle. »