Seule la tête de l’homme est visible. Elle porte un chapeau noir d’où s’échappe une multitude de messieurs quatre fois plus grands que les édifices qu’ils enjambent.
Cette sérigraphie en couleur datée 1984-2008, Pensando mucho, présentée aux côtés d’une centaine d’œuvres des années cinquante à aujourd’hui, apparaît comme une remarquable synthèse du travail d’Antonio Seguí (né en 1934 à Córdoba). Les univers les plus récents de l’artiste argentin sont immanquablement surpeuplés d’innombrables hommes de toutes tailles, chapeautés, raides dans leur corps comme dans leurs habits. Ils prennent le plus naturellement du monde les positions les plus aberrantes, croisent parfois des femmes aux postures tout aussi irrationnelles. Ces scènes de la tragi-comédie humaine, dont on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer, sont également peuplées de présences difficilement classables. Volatiles à tête humaine, fragments de corps, pieds, jambes, visages, bustes fichés sur un plot de bois, se baladent en toute liberté dans les mondes sans queue ni tête d’Antonio Seguí. D’où vient cet imaginaire souvent inquiétant, toujours irrationnel ? L’artiste apporte une réponse claire : « Une grande partie de mon travail, c’est la reconstruction historique de mon enfance […]. Même aujourd’hui, c’est mon enfance qui me donne des raisons pour continuer ce travail de la mémoire. » Dans la première salle de l’exposition, cinq grandes peintures des années cinquante permettent de découvrir un Seguí beaucoup moins connu. Le jeune artiste faisait alors surgir une humanité clairsemée de matières picturales beaucoup plus denses.
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La tragi-comédie humaine d’Antonio Seguí
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de l’hospice Saint-Roch, rue de l’Hospice-Saint-Roch, Issoudun (36), www.issoudun.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : La tragi-comédie humaine d’Antonio SeguÁ