Une cinquantaine de sculptures ornent les abords des Champs-Élysées, depuis le Rond-Point jusqu’à la Concorde. De Rodin à César, un aperçu partiel de la sculpture du siècle.
PARIS - Depuis le Second Empire, tout est possible (ou presque) sur les Champs-Élysées : on peut y faire dévaler les corps d’armée, les athlètes de la petite reine, les danseurs de Jean-Paul Goude, y planter du blé et, à ses risques et périls, y faire atterrir un Cesna. On y défend mieux que n’importe où ailleurs les valeurs de la République et l’école libre mais, même pendant les périodes tranquilles, le spectacle s’y donne en permanence, sur les écrans comme sur les trottoirs. On peut encore transformer l’avenue la plus célèbre du monde en jardin de sculptures, comme c’est actuellement le cas jusqu’au 9 juin. Prévu de longue date, le projet n’a pu se concrétiser que cette année, grâce au soutien d’entreprises japonaises qui se sont avantageusement substituées aux sponsors coréens sollicités à l’origine.
Le choix des œuvres présentées du Rond-Point à la place de la Concorde ne répond pas à des critères nettement identifiables, de sorte qu’il semble que l’on aurait pu sans dommage remplacer telle sculpture par n’importe quelle autre. De grands noms en côtoient d’autres qui n’auront jamais qu’une place marginale dans l’histoire de l’art : ainsi d’Émile Gilioli, des Lalanne, de Manzu, de Raymond Mason, de François Stahly. S’en dégage cependant un certain clacissisme de bon aloi, qui rend la promenade facile dans les deux sens.
Les contrastes ont été presque gommés, et l’on passe sans sursauter d’Ossip Zadkine à Magdalena Abakanowicz, de Lynn Chadwick à Anthony Caro, de Martha Pan à Henry Moore. Peu de sculpteurs des générations d’après-guerre ont été sélectionnés, alors qu’une œuvre du Land Art, par exemple, aurait favorablement contribué à rendre cette exhibition vivante.
Problème d’échelle
Le passant sera sans doute frappé par un problème d’échelle. Au beau milieu du Rond-Point, le Balzac de Rodin est juché sur un socle immense qui, cherchant à en faire un monument, en ruine les proportions. Se succèdent ensuite des œuvres de tailles différentes, nécessitant à chaque fois un réajustement visuel d’autant plus gênant qu’aucun artifice, hormis les socles, n’a été mis en place pour l’éviter. Le problème est particulièrement flagrant avec l’Homme qui marche de Giacometti. Cette installation rend les sculptures dont certaines n’ont vraisemblablement pas leur place en extérieur plus tributaires encore du décor urbain, qui leur fait un fond improbable et les émousse.
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La sculpture aux Champs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : La sculpture aux Champs