PARIS
Après le Musée Guimet, le Musée Cernuschi s’intéresse, à son tour, à l’art des steppes, à travers les vestiges d’or et d’argent légués par les peuples nomades – Scythes, Sauromates, Grecs, puis Sarmates. Issus pour la majorité de fouilles récentes, ces objets, datant du VIe avant J.-C. au IVe siècle après J.-C., semblent avoir été sélectionnés essentiellement pour leur esthétique, et non pour leur signification archéologique. Ils proviennent tous des musées du sud de la Russie proche de l’embouchure du Don et de la côte orientale de la mer d’Azov, tels ceux de Rostov-sur-le-Don, Novotcherkassk ou Krasnodar.
PARIS - Les steppes de l’Eurasie s’étendent des Carpates et des bouches du Danube jusqu’au désert de Gobi et à la Mandchourie. Les nomades qui peuplèrent ce territoire ont laissé derrière eux des kourganes, tertres funéraires sous lesquels reposent les morts dans des cercueils en bois gravé, révélant – lorsqu’ils n’ont pas été pillés – de riches mobiliers mortuaires : vaisselle d’or ou d’argent, pectoraux et appliques, luxueuses pièces d’armement. Dans la nécropole dite des “Cinq-Frères” (fin du IVe siècle avant notre ère) ont ainsi pu être retrouvés le fourreau d’une épée en or et en fer et un revêtement de carquois scythe au décor hellénisé figurant aux côtés de parures féminines. Utilisant le bronze, l’argent et surtout l’or, massif ou plaqué, souvent associé aux pierres de couleur (turquoise, grenat, cornaline, corail), les Sarmates mêlent les traditions antiques au patrimoine animalier issu des profondeurs de la steppe. En attestent les vestiges de la tombe de la princesse de Kobiakovo, seule sépulture princière sarmate non pillée (fin du Ier siècle-début du IIe), mise au jour en 1987. Réparti d’habitude entre deux musées et réuni pour l’occasion, le mobilier de cette nécropole tumulaire – miroir chinois, vaisselle romaine, collier et bracelets polychromes – illustre autant la richesse de l’aristocratie que l’étendue de ses relations commerciales et politiques. Faciles à repérer, les kourganes ont fréquemment été la proie des chasseurs de trésors qui, par caravanes entières, partaient dans les steppes d’où ils rapportaient des kilos d’or. La tombe d’un homme, découverte en 1986 au sommet d’un tertre situé dans un quartier du sud-est de la ville d’Azov, a ainsi été entièrement dépouillée. Mais, presque au niveau du sol antique, dans l’argile meuble du déblai de la fosse, les archéologues ont découvert un ensemble d’une très grande richesse, fidèlement reconstitué par le Musée Cernuschi. Il s’agit des éléments d’un harnachement de parade au grand complet, une ceinture en or, une épée dans son fourreau rehaussé de cornaline et de turquoises, accompagnée d’une ample couverture de selle : une forme de caparaçon entièrement cousu de milliers de petites bractées d’or. Aussi, à l’image de cette superbe parure, l’exposition semble privilégier le caractère spectaculaire de ces objets funéraires, aux dépens d’explications archéologiques ou historiques, comme le montrent des cartels qui ne sont pas toujours explicites.
- L’OR DES AMAZONES – PEUPLES NOMADES ENTRE ASIE ET EUROPE, jusqu’au 15 juillet, Musée Cernuschi, 7 avenue Velasquez, 75008 Paris, tél. 01 45 63 50 75, tlj sauf lundi et jours fériés, 10h-17h40. Catalogue, coédition Paris-Musées/Findakly, 288 p., 250 F.
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La ruée vers l’or des steppes
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Abonnez-vous dès 1 €- À lire également : Véronique Schiltz, La Redécouverte de l’or des Scythes, Découvertes Gallimard, 144 p., 76 francs ISBN : 2-07-076085-5.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°125 du 13 avril 2001, avec le titre suivant : La ruée vers l’or des steppes