La Renaissance de Lotto

Cinquante chefs-d'oeuvre pour un évènement

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 501 mots

Déjà éclipsé de son vivant par la gloire de Titien, Lorenzo Lotto a continué de l’être après sa mort. Depuis un siècle, une série de réattributions a permis de restituer la véritable stature de l’artiste. La rétrospective de Washington, avant Bergame et Paris, vient confirmer cette réhabilitation.

WASHINGTON. La rétrospective Lorenzo Lotto, organisée conjointement par la National Gallery de Washington et l’Accademia Carrara de Bergame, s’impose comme un véritable événement, tant aux États-Unis qu’en Italie. Les Américains découvrent en effet pour la première fois cinquante chefs-d’œuvre de l’un des plus grands peintres de la Renaissance (à peu près un tiers de sa production totale). Quant au public italien, plus familier de son œuvre, il n’a pas eu l’occasion de voir réunis autant de tableaux majeurs depuis plus de quarante ans. L’exposition, volontairement conçue pour un large public, couvre toute la carrière de Lotto, depuis ses débuts, aux alentours de 1520, jusqu’aux dernières œuvres des années 1550, de ses célèbres portraits aux allégories et sujets sacrés. David Alan Brown, l’un des commissaires de l’exposition et auteur du catalogue, s’explique sur les choix de l’exposition.

Sur quels critères ont été choisies les œuvres ?
Un des thèmes de l’exposition a naturellement orienté la sélection : bien que Lotto, contrairement à Titien, ait eu une carrière assez difficile et qu’il ne puisse être considéré comme un génie universel à l’égal du maître, il a pourtant su communiquer avec ceux qui regardent ses œuvres de façon très personnelle et originale.

D’ailleurs, Lotto était déjà très apprécié de ses contemporains.
Oui, Lotto a eu du succès et a été très demandé, même à Venise. Il était surtout sollicité pour ses portraits : les gens étaient fascinés, comme nous le sommes aujourd’hui, par ce qu’ils révélaient des personnages représentés. Un autre aspect, traité en détail dans le catalogue, mérite d’être rappelé : nombre des meilleures œuvres de Lotto ont longtemps été attribuées à d’autres peintres (Titien, Holbein, Dürer) jusqu’à ce que Bernard Berenson, en 1895, les restitue enfin à leur auteur.

Quel aspect particulier de la peinture de Lotto avez-vous souligné ou souhaité qu’il soit clairement perçu par le public ?
 Avec cette exposition, nous avons tenté de suggérer le charme particulier de Lotto, qui tient surtout à la manière dont il s’est toujours intimement impliqué dans ses sujets, si riches de symboles à déchiffrer. Ses œuvres se caractérisent toutes par une approche directe du sujet, qu’il soit religieux ou non. Parmi les œuvres de son époque, celles de Lotto se distinguent par son refus des formules préconçues ou conventionnelles. Toutes les toiles présentées sont particulièrement représentatives de l’art de Lotto et de sa personnalité artistique singulière. Elles méritent donc la plus grande attention.

LORENZO LOTTO, UN MAÎTRE DE LA RENAISSANCE REDÉCOUVERT, jusqu’au 1er mars 1998, National Gallery of Art, 4th Street et Constitution Avenue N-W, Washington, tél. 1 202 737 4215, tlj 10h-17h, dimanche 11h-18h. Puis, du 2 avril au 28 juin, Accademia Carrara di Belle Arti, Bergame, et du 12 octobre au 11 janvier 1999, Grand Palais, Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : La Renaissance de Lotto

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