PARIS
De même que le personnage d’Albertine, après sa disparition, reste pour le narrateur prisonnier dans les « fers d’une Venise intérieure », Marcel Proust continue pour ses lecteurs de vivre dans certains lieux de Paris – les Champs-Élysées où le narrateur d’À la recherche du temps perdu rencontre Gilberte, le bois de Boulogne, lieu du désir adulte, ou même le fictif faubourg Saint-Germain, qui n’existe pourtant qu’à travers les personnages mondains qui le fréquentent.
Le Musée Carnavalet évoque ce Paris proustien, dont chaque lieu constitue un réseau de sociabilité et une étape dans la révélation de la vocation d’écrivain du narrateur. Si l’on retrouve parmi les quelque 280 œuvres exposées des pièces connues, comme le portrait de l’écrivain par Jacques-Émile Blanche, emprunté au Musée d’Orsay, on découvre aussi un certain nombre de documents surprenants : une photographie d’adolescence, venue d’une collection de São Paulo, un agenda où sont consignés au cours d’une filature commanditée dans les rues de Paris les faits et gestes d’Alfred Agostinelli, chauffeur de Proust, qui fut un des modèles du personnage d’Albertine, ou encore un procès-verbal faisant suite à une descente de police en 1918 à l’hôtel Warigny, lieu « servant de refuge à des homosexuels », où apparaît le nom d’un certain « Proust Marcel, 46 ans, rentier, 102 boulevard Haussmann ». Et, parfois, une simple phrase suffit à ravir les amoureux de Proust, comme celle qu’on lit dans une lettre écrite à Cocteau : « Comme Picasso est beau ! » – ce Picasso dont l’écrivain ne dit pas un mot dans La Recherche, où l’art est si présent.
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À la recherche du Paris de Proust
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : À la recherche du Paris de Proust