La Pourpre et le marbre

Et pourtant, le fils adoptif de Jules César ne jouit guère, en France, d’une aura à la mesure de son génie de stratège et d’homme d’État. Tout au plus les petits latinistes reconnaissent-ils son célèbre portrait conservé au Vatican, où il apparaît dans toute sa gloire, le corps drapé dans son manteau militaire et revêtu de sa précieuse cuirasse… Accueillant le visiteur, la statue de Prima Porta n’est pourtant qu’un des innombrables chefs-d’œuvre de la flamboyante exposition du Grand Palais. Grâce à une collaboration scientifique franco-italienne, le Louvre et les musées du Capitole ont pu en effet jouer la complémentarité au plus haut niveau. Et le résultat est époustouflant ! Dans un parcours alliant pédagogie et esthétique, chaque facette de celui qui fut le premier empereur romain de l’histoire est ainsi dévoilée. On découvre, tour à tour, le vainqueur de la bataille d’Actium en 31 avant notre ère, le pacificateur et l’unificateur, mais aussi le protecteur des poètes et des arts, le bâtisseur et l’inventeur d’images. Comme le résume avec enthousiasme Daniel Roger, l’un des commissaires de l’exposition, « Auguste n’est pas un extravagant.C’est un modéré, un administrateur, un homme politique de génie qui a su surmonter les épreuves et a légué un système impérial qui va perdurer pendant cinq siècles. » Sous son règne pacifique et prospère, l’art atteint alors des sommets de virtuosité et de raffinement. Oscillant entre réminiscences grecques et réinterprétations, des statues de satyres, de nymphes et de Vénus ornent avec grâce les temples et les jardins. L’art du portrait, quant à lui, véhicule aux quatre coins de l’Empire la figure de l’empereur et des membres de sa famille. Camées, vaisselle d’argent, flacons de verre et bijoux d’une délicatesse extrême parachèvent l’éclat de cet « âge d’or » chanté par Virgile et Horace…