Rétrospective - On connaît Mohamed Bourouissa (né en 1978 à Blida, en Algérie) pour ses premières séries de photographies, notamment Nous sommes les Halles, qui mettaient en scène des jeunes de la banlieue parisienne et leurs codes vestimentaires, mais aussi pour ses tableaux-sculptures composés de tirages argentiques imprimés sur des carrosseries.
On ne verra aucun de ses fameux « capots » dans la rétrospective du Palais de Tokyo, qui présente en revanche des groupes de sculptures (issues du même projet, Horse Day, réalisé à Philadelphie), encore jamais vues en France. Le parcours commence par une installation, Brutal Family Roots (2020), constituant un tournant dans l’œuvre de l’artiste. Son sol jaune est mis en relation avec l’éclat des mimosas en fleurs placés dans des fûts en inox et les signaux électriques émis par les arbustes, retranscrits de façon sonore. La recherche synesthésique et l’introduction du vivant renvoient à la rencontre de Bourouissa avec un patient de l’hôpital psychiatrique de Blida, à la figure de Frantz Fanon (qui y exerça en tant que médecin) et plus largement à l’apprentissage de la résilience. Celle-ci est subtilement mise en tension avec l’évocation du « seum » (expression algérienne pour une forme toxique de colère contenue) qu’il associe aux expériences de palpations subies, lors de contrôles d’identité ou de passage des douanes dans un aéroport. La sensation de dépossession du corps s’illustre à travers des sculptures et un film tout juste terminé, dans une recherche métaphysique de suspension du temps, qui permet de transcender l’intime en le partageant.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La poésie résiliente de Mohamed Bourouissa
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : La poésie résiliente de Mohamed Bourouissa