La piste aux artistes

Tandis que « La Grande Parade », présentée ces derniers mois au Grand Palais, se penchait sur la représentation de l’artiste en clown, l’exposition proposée à Douai montre le cirque vu par les artistes. Inscrite dans le cadre de Lille 2004, elle s’affirme aussi plus festive et colorée que l’exposition parisienne – par ailleurs passionnante –, qui donnait une vision sombre et désenchantée du saltimbanque à travers une galerie de clowns tristes. Les œuvres rassemblées ici s’attachent à montrer comment les artistes du XIXe et de la première moitié du XXe siècle ont assimilé ce type de divertissement. Certains d’entre eux comme Picasso ou Léger sont des spectateurs assidus du cirque, se passionnant pour ce monde d’illusions, de paillettes, véritable fête des formes et des couleurs. Toulouse-Lautrec s’immerge totalement dans ce milieu, mais se place du côté des marginaux, s’intéressant aux personnages déchus, à la misère de l’artiste quand le spectacle est terminé. D’autres ont choisi ce thème comme un prétexte à des recherches formelles, c’est le cas de Matisse, de Raoul Dufy qui, contrairement à son frère Jean (Le Cirque, 1927), semble davantage attiré par le mouvement, la lumière, que par le cirque lui-même. Cette exposition réunit un ensemble d’œuvres significatives de Gleizes (Les Acrobates, 1916), Cottet (Le Cirque, 1913), Lautrec, Ibels, Rodin, Rouault, Chagall (Les Arlequins)… Sans oublier Léger et son Cirque Medrano (1918), un tableau dans lequel l’artiste abandonne les formes tubulaires au profit de la couleur et d’une composition proche de l’art de l’affiche. Le parcours réserve de belles surprises, en particulier un ensemble d’aquarelles des sœurs Marthe et Juliette Vesque, qui ont produit dans la première moitié du XXe siècle des centaines d’œuvres sur le cirque ; une trentaine a été prêtée par le musée des Arts et Traditions populaires.