Le Musée d’art et d’industrie André Diligent prend les apparences d’un zoo le temps d’une exposition « hors les murs » du Musée d’Orsay consacrée à l’art animalier.
ROUBAIX (NORD) - Témoins du XIXe siècle, les collections du Musée d’Orsay n’ont pas fini de livrer leurs trésors. Parallèlement au développement de l’étude scientifique du monde sauvage et à la multiplication des ménageries, l’art animalier offre un reflet original de l’évolution des rapports entre humains et animaux. Troisième exposition « hors les murs » du Musée d’Orsay à la Piscine de Roubaix, « Le Zoo d’Orsay » livre à travers un parcours tant chronologique que thématique les arcanes d’une relation où la distance et la curiosité, voire le mépris, font lentement place à l’intimité, l’admiration et le respect.
Orchestré par Emmanuelle Héran, conservatrice au musée parisien, ce panorama aborde les grandes étapes du réchauffement entre l’homme et l’animal : la découverte de nouvelles espèces exotiques, le regard porté par l’artiste sur les animaux – la tentation de l’anthropomorphisme – et la domestication où trônent trois figures emblématiques : le cheval, le chien et le chat. Il est vrai qu’entre Antoine-Louis Barye mettant en scène le combat de deux espèces animales, réaliste, certes, mais sans cohérence géographique, comme le Tigre terrassant un cerf, et les « portraits » de Théophile Alexandre Steinlen de chats lovés sur des canapés, le chemin a été tortueux.
L’approche « scientifique » de Barye, comme les photographies d’Eadweard Muybridge séquençant les sauts de biche, n’ont rien du regard connaisseur de Rembrandt Bugatti, visiteur assidu du Jardin des Plantes à Paris, ou de la chaleur des peintures de Rosa Bonheur, dont les troupeaux de vaches sont les principaux acteurs. Source d’inspiration pour les décorateurs de l’Art nouveau, le règne animal fournit un panel illimité de couleurs et de formes à apprivoiser (Lampe à pétrole soutenue par un faisan, entre 1870 et 1880). Plus tard, la stylisation d’un François Pompon fera écho aux lignes épurées de l’Art déco. Étape ultime, la série de chats de Steinlen, dessinés, peints ou statufiés, révèle une tendresse immodérée, une intimité si flagrante que la tendance est inversée. C’est l’animal qui a dompté l’homme.
LE ZOO D’ORSAY, jusqu’au 25 mai, La Piscine, Musée d’art et d’industrie André Diligent, 24, rue des Champs, 59100 Roubaix, tél. 03 20 69 23 60, www.roubaix-lapiscine.com, tlj sauf lundi et le 1er mai 11h-18h, vendredi 11h-20h, samedi et dimanche 13h-18h. Catalogue, Gallimard, 180 p., 256 ill. couleurs, 39 euros, ISBN 978-2-07-012044-4.
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La Piscine apprivoisée
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaires : Emmanuelle Héran, conservatrice au Musée d’Orsay, à Paris ; Bruno Gaudichon, conservateur en chef de la Piscine, à Roubaix.
- Œuvres : près d’une centaine de sculptures, dessins, peintures..., sur un large espace cloisonné par des vitrines et autres petites cimaises
- Scénographie : Frédérique Danneels-Bécue, architecte DPLG
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°277 du 14 mars 2008, avec le titre suivant : La Piscine apprivoisée