En cette année de commémoration de la fin de la Première Guerre mondiale, la ville de Montbéliard a demandé au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône et aux archives Roger-Viollet de concevoir une exposition sur le thème de la paix.
L’exercice n’était pas aisé ; leurs responsables de collections s’en sortent on ne peut mieux. L’angle choisi, la modernité et la créativité des années 1925-1935, leur permet de délimiter et de rendre plus crédible leur propos, qu’étayent les fonds riches et complémentaires de ces deux institutions qui font ici leur premier pas de deux. Dans un déploiement de photographies et de revues de l’époque parfaitement articulé, les grands bouleversements esthétiques et sociétaux de cette décennie sont remémorés. L’essor de la presse illustrée et de la photographie durant cette période, posé en préalable, permet de les rendre tangibles. Les reportages témoignent de l’insalubrité de quartiers entiers, de l’essor immobilier et des premières politiques publiques en faveur du logement social. Photographies et doubles pages de journaux reviennent sur la construction du Normandie, les exploits aéronautiques, le développement de l’industrie et des courses automobiles, et sur l’impact des voyages ethnographiques sur fond d’exposition coloniale. Doubles pages et tirages d’époque évoquent non sans saveur les scènes artistiques, la haute couture, les bals populaires et les revendications féminines. De Charlotte Perriand à Jean Moral ou Boris Lipnitzki, des noms passés depuis à la postérité émergent, des regards se distinguent et des amitiés parfois méconnues se révèlent, comme celle de Boris Lipnitzki avec Joséphine Baker et Georges-Henri Rivière, fondateur du Musée de l’homme.
Musée du château des ducs de Wurtemberg, Montbéliard (25), www.montbeliard.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : La photographie en prise avec son époque
