La peinture italienne à l’épreuve de la peste

C’est sous le signe de l’espoir et du remède que le Worcester Art Museum construit un brillant parcours présentant la réponse faite à la peste par la peinture italienne. Le musée étaye son propos par un corpus scientifiquement documenté mais dresse surtout une typologie des traitements illustrés par la peinture du XVIe au XIXe siècle. Une typologie qui témoigne surtout d’une exigence de rachat relayée par le recours aux intermédiaires divins face à ce mal invisible. L’iconographie rappelle à quel point la peste fut d’abord comprise comme une manifestation de la colère divine, réclamant un comportement aussi vertueux que religieux. Durant les périodes de grandes pestes italiennes, peintures et fresques racontent, répondent, invoquent et délivrent un message d’espoir aux malades. Rares sont les corps morts, alanguis et blafards tels que les peint avec réalisme Carlo Coppola après la peste napolitaine de 1656. Il est davantage question d’intercession divine ou d’allégories évoquant la colère divine et son pardon : Tiepolo (1696-1770) peint un saint Roch lumineux et solitaire figuré en pèlerin. Bernardino Luini (1480/85-1532) représente une délicate Vierge à l’enfant cernée par les protecteurs saint Roch et saint Sébastien. Canaletto (1697-1768) rend hommage à la massive Santa Maria della Salute, ex-voto vénitien érigé après la peste de 1630. Une somme de réponses que l’exposition américaine n’omet pas d’associer à la terreur contemporaine suscitée par les « pestes » modernes à l’heure de la menace bioterroriste, suggérant une réflexion sur la mort et la vanité autant que sur le rôle curatif de l’art en temps de crise.