La Nouvelle-Guinée et ses mystères

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 novembre 2006 - 348 mots

Infiniment riche en œuvres d’art, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, île mélanésienne située au nord de l’Australie, est aussi une mosaïque de peuples. Chaque village y est un univers à lui seul, dont l’art est le témoin. Dans tous les domaines de la vie, il apporte sa touche, déroutante toujours, inquiétante souvent. Il correspond à un culte voué aux esprits de la nature, aux ancêtres vénérés dont la puissance doit être canalisée pour le bien des vivants. Des quatre-vingts chefs-d'œuvre d’art de Nouvelle-Guinée de la collection Barbier-Mueller se dégagent une austère puissance et une troublante fascination.
Chaque hameau avait une imposante maison de cérémonie, dite maison des hommes. Est-ce pour semblable édifice qu’a été sculptée cette inquiétante Pièce de faîtage où le bois se double de plumes de casoar et de coquillages ? Esprit ou ancêtre, celui qui siège là n’est guère engageant. Austère toujours, mais paisible, voici une mystérieuse Sculpture de personnage masculin, pur et admirable agencement de volumes dû à un sculpteur du peuple Abelam. C’est encore à une maison de culte qu’était destiné ce grand Crochet anthropomorphe représentant une femme enceinte. Pareils crochets permettaient de placer hors d’atteinte des rongeurs toutes sortes d’objets, parmi lesquels les crânes-trophées de la chasse aux têtes. Plus au sud, dans la baie de l’Astrolabe, les Effigies ancestrales (telum) représentant des ancêtres protecteurs étaient réalisées avec des haches en pierre et des couteaux de coquillages. On ignorait la métallurgie, ce qui n’empêchait pas les hommes de sculpter avec art leur armement, stocké dans cette maison des hommes.
Cette plongée dans un univers si éloigné du nôtre se poursuit avec de nombreux masques, tous stupéfiants d’extravagance, fabriqués avec les matériaux les plus invraisemblables. On a pu parler à leur sujet d’« invention vertigineuse ». Mais les masques étaient-ils plus extravagants que la réalité ? On peut en douter en découvrant les photos de parures en plumes d’oiseaux de paradis et d’ornements de nez en bipane de nacre.

« Ombres de Nouvelle-Guinée. Arts d’une île en Océanie », Mona Bismarck Foundation, 34, av. de New-York, Paris XVIe, tél. 01 47 23 38 88, jusqu’au 25 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : La Nouvelle-Guinée et ses mystères

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque