Le Musée de la marine, avant sa fermeture pour rénovation – les travaux doivent commencer au printemps 2016 –, embarque ses visiteurs à bord d’une aventure humaine, technique et économique commencée au XVe siècle et qui connut son apogée au XIXe siècle : la pêche à la morue.
Les eaux de Terre-Neuve, du Labrador, de l’Islande et du Groenland voyaient débarquer des marins de tous les ports français de la façade atlantique, Bretagne en tête. Les rudes conditions de vie à bord des bateaux, l’attente subie des familles restées à terre, les nombreuses catastrophes (naufrages, maladies) ont marqué l’imaginaire collectif et inspiré les romanciers et peintres à partir du XIXe siècle. Pierre Loti et son Pêcheur d’Islande publié en 1886 popularise le sujet, suivi par Anatole Le Braz, ou bien encore par la chanson de Théodore Botrel, La Paimpolaise (1895). Les peintres ne sont pas en reste, transcrivant sur la toile les drames vécus par les familles de ces forçats de la mer. Le triptyque de Guillaume Albert Demarest À la mer (1902) nous saisit par sa force évocatrice de la mort d’un marin et du chagrin de sa veuve, seule face à sa douleur sur le quai de débarquement. À côté de cette immense toile s’égrènent les œuvres de Mathurin Méheut, Albert Brenet, Yvonne Jean-Haffen, d’un naturalisme souvent cru. C’est aussi l’occasion pour l’exposition de rappeler les enjeux économiques de cette industrie, incluant dans sa chaîne de production de nombreuses activités, des marais salants aux conserveries de poisson. Pourtant, l’industrie morutière, telle que les ports français l’ont connue, s’est peu à peu éteinte, jusqu’au coup de grâce porté par l’interdiction de pêche des autorités canadiennes pour la zone de Terre-Neuve en 1992. Les stocks que l’on croyait inépuisables s’étaient raréfiés, victimes de surpêche. La dernière partie de l’exposition évoque ce sujet sensible de gestion des ressources marines. Les différents dispositifs interactifs et les vidéos brossent un tableau juste des enjeux futurs autour des produits de la mer, entre espèces en danger et facteurs de surconsommation.
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La morue était trop belle
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Abonnez-vous dès 1 €Musée national de la marine, Palais de Chaillot, Paris-16e, www.musee-marine.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : La morue était trop belle