C’est un joli voyage poétique au cœur de la vie. Dédié à la mort et aux rites funéraires, « Désirs d’éternité » est conçu comme une promenade à travers différentes cultures, à la découverte de sociétés qui, bien que très éloignées les unes des autres, ont toutes été et sont encore confrontées à la même interrogation : comment composer avec la mort ?
Venus d’Océanie, d’Asie, du Caucase ou d’Afrique, des objets funéraires ethnologiques et archéologiques, ainsi que des photographies et des textes, témoignent de la façon dont ces différents peuples ont su apprivoiser la mort et accompagner le défunt vers l’au-delà.
En Asie, par exemple, le bouddhisme et le taoïsme invitent les croyants à se mettre en quête du nirvana (Buddha couché en parinirvanasana, Asie, XIV-XVe siècle), l’état suprême de paix et de sérénité, pour atteindre l’immortalité. Alors que pour les Égyptiens la renaissance n’était possible qu’en préservant le corps du défunt intact (Momie humaine Taubasthis, époque gréco-romaine) et ses entrailles dans des vases canopes, les sociétés africaines traditionnelles communiquent avec les morts à travers des danses rituelles, portent des masques spectaculaires et protègent l’âme des défunts en érigeant des statues ou des poteaux funéraires superbes (appelés des « aloalo ») sur les tombes. En Océanie, où les réincarnations sont associées à la terre et à des sites précis, le corps est d’abord inhumé, puis ses ossements sont retirés de la tombe, recouverts de pigments naturels et recueillis dans un tronc funéraire évidé peint de motifs hachurés.
L’exposition met en valeur le rôle fondamental de ces rites qui permettent à la famille et aux proches d’organiser l’insensé et de partager collectivement la douleur. Comme le montrent les dernières salles, ces rites tendent à disparaître dans notre société actuelle. Autrefois codifié, exposé et partagé par tous, le deuil est aujourd’hui vécu de façon très intimiste et individualiste. À tel point qu’on peut à présent personnaliser la cérémonie funéraire en fonction du défunt, et choisir, par exemple, le cercueil le plus adapté. Une société allemande s’est emparée du créneau et crée ainsi des cercueils originaux, dont l’un d’eux est présenté dans l’exposition. Il s’agit d’une longue boîte sur laquelle est inscrite la mention « Retour à l’envoyeur ». Autres temps, autres morts.
« Désirs d’éternité, rituels pour l’au-delà », (exposition hors les murs du musée des Confluences) musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gal, route départementale 502, Saint-Romain-en-Gal (69), jusqu’au 14 novembre 2010, www.musees-gallo-romains.com
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La mort sous toutes les cultures
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°628 du 1 octobre 2010, avec le titre suivant : La mort sous toutes les cultures