On le sait, le continent asiatique qui est en pleine mutation traverse une période critique. Chaque jour apporte son nouveau lot d’informations sur une situation sociale, économique et politique parfois explosive. C’est que l’on ne grandit pas d’un coup sans que cela ne perturbe violemment l’organisme. Or, le phénomène de croissance qu’a connu l’Asie au cours de ces vingt dernières années n’a quasiment pas d’équivalent historique. A la (dé)mesure d’une situation dont il n’est pas toujours facile d’apprécier ni l’ampleur ni les conséquences, l’exposition « Des villes qui bougent », conçue et réalisée par Hou Hanru et Hans Ulrich Obrist, critiques d’art et commissaires indépendants, ne peut laisser un regard occidental indifférent. Inaugurée à Vienne l’automne dernier, elle rassemble les travaux d’une centaine de créateurs chinois, thaïlandais, japonais, coréens, philippins, indonésiens… dont une trentaine d’architectes et quelques cinéastes, outrepassant de la sorte le seul cadre des arts plastiques. « Cities on the Move » vise à rendre compte de ce qu’il en est justement de toutes ces tensions qui animent le continent asiatique, et des interrogations qu’elles suscitent auprès des créateurs. Face au modèle de la modernité occidentale se pose la question de la viabilité d’une formule qui résulterait de la convergence entre ses modes de vie et celui de la société de consommation. Question d’identité, somme toute, à l’échelle d’une planète, dans le contexte pour le moins troublant d’une irrésistible tendance à la mondialisation.
A travers les œuvres qu’elle rassemble, l’exposition bordelaise tente de mettre en lumière l’extraordinaire vitalité d’une scène artistique et architecturale dont la découverte élargit nos façons de voir et de penser. Si elle traduit le conflit profond, proprement existentiel, que vit au jour le jour un continent en prise avec les extrêmes les plus violents - nécessaire urbanisation et menace de risques écologiques, explosion de l’information et son interrogation critique, universalisme et particularismes locaux -, elle est d’abord et avant tout le reflet d’une culture, qu’elle soit urbaine ou non, conjuguant au quotidien l’art et la vie, et puisant volontiers en l’un les raisons d’être de l’autre.
Bordeaux, Capc-musée d’Art contemporain et Arc en rêve, jusqu’au 30 août.
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La modernité modèle asiatique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°497 du 1 juin 1998, avec le titre suivant : La modernité modèle asiatique