Voici enfin une exposition au cœur des préoccupations qui traversent les différents courants de la mode contemporaine. De quels matériaux sont faits les tissus d’aujourd’hui, quelles sont les innovations des techniques textiles qui en découlent (comme la conception et la fabrication assistées par ordinateur), bref quelles conséquences, dans les formes, les couleurs, le toucher, les apparences, a eu la révolution de la chimie textile sur l’inspiration des créateurs de vêtement ? On reste ébahi devant la variété des propositions. Après l’utilisation de plus en plus sophistiquée des plastiques, voici venir l’utilisation du crin de cheval (Issey Miyake), de l’éponge naturelle (Castelbajac), de l’algue (Olivier Lapidus), de l’ananas (Lecoanet Hemant), du galuchat (Versace), du ciment (Paco Rabanne), du verre (Corinne Cobson), de l’or (Adeline André)... transformant tous ces créateurs en véritables alchimistes. Les manipulations des nouveaux matériaux sont infinies. On triture, martyrise, écrase, lacère les matières. Hussein Chalayan enterre en 1995 une robe pour qu’elle rouille. Kosuke Tsumura fait fondre une chemise en 1996. On montre l’envers et les coutures depuis longtemps, mais on sépare les parties aussi (Martin Margiela). Issey Miyake propose l’interactivité : découper soi-même un tube de jersey pour obtenir une robe ou des gants. L’insertion de puces, de micro-ordinateurs et de téléphones intégrés dans le vêtement sont plus que jamais à l’étude... Passionnante exposition où ces vêtements sont bien là, sous nos yeux, et non plus virtuels ! Et qui pose la question éternelle : quelle définition peut-on encore donner du confort, de la beauté, de l’élégance concernant les mutants que nous sommes en train de devenir ?
PARIS, Musée Galliera, jusqu’au 30 juillet.
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La mode en mutation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : La mode en mutation