La marque de Rome dans les villes du nord de la Gaule

La civilisation romaine privilégiait la ville, même aux confins de l’Empire. Dans le nord de la Gaule, Rome avait fondé une quinzaine de cités importantes, dont Samarobriva, l’antique Amiens. Relativement méconnue, elle revit grâce aux nombreux objets provenant de fouilles récentes (souvent des fouilles préventives), mis en situation au musée d’Amiens et accompagnés de maquettes ou reconstitutions. De Samarobriva, chef-lieu de la cité des Ambiani, on connaît maintenant le tracé général, la structure du forum, de l’amphithéâtre, des thermes publics, de l’enceinte. L’étude englobe aussi, à titre de comparaison, différentes cités de la région, telles Metz, Reims, Soissons. Une carte des villes avec le réseau routier et les voies navigables permet de comprendre les choix de Rome pour l’implantation des cités. Ces villes étaient d’abord des centres de pouvoir, mais également
des centres politiques et religieux. L’amphithéâtre, les masques, les thermes évoquent la part importante faite aux loisirs. D’autre part la cité était aussi un centre de production et de redistribution.
Les marchés regroupaient les échoppes des petits artisans. Pour le commerce de gros, les céréales étaient stockées dans les horrea (greniers). La reconstitution de la table d’une taverne montre les aliments, servis dans de la vaisselle en terre cuite sigillée. L’intention était de vivre comme à Rome et tout tend vers ce but : la structure des rues, des maisons à insulae, le confort, les parures, la culture,
le luxe. Le monde des morts lui-même se modifie. Mais sous la poussée des invasions barbares, au IIIe et au Ve siècle, la ville dépérit lentement. Utilisant les très nombreux vestiges de cette période, la muséographie très recherchée anime tous ces moments de vie aux frontières de la civilisation romaine.