Quel flâneur musardant dans les rues de Paris n’a jamais observé d’un air rêveur les quelques maisons égarées dans les rues d’une capitale tellement serrée dans sa ceinture qu’elle a toujours privilégié l’habitat collectif ? Des ruelles de la Mouzaïa à l’extravagante villa Montmorency, des icônes de l’architecture moderne aux réalisations contemporaines flattées par les revues d’architecture, la maison parisienne reste un fantasme pour tout citadin aspirant à la tranquillité. Pourtant, cette domus est plus complexe qu’il n’y paraît, comme le démontre cette exposition conçue par Luc Baboulet, architecte et enseignant. Car outre les vestiges des anciens villages intégrés à la capitale en 1860 ou les quelques lotissements construits à la fin du XIXe siècle, la construction individuelle à Paris relève le plus souvent d’une stratégie particulière, celle de l’infiltration dans un interstice que seule l’habileté d’un professionnel parviendra à transformer en « maison ». De fait, celle-ci use d’artifices qui l’éloignent toujours davantage du modèle pittoresque et primitiviste du pavillon couvert d’un toit à deux pentes, de plain-pied avec son jardin. L’exposition explore donc les multiples facettes de ce facteur d’hétérogénéité dans une ville passée sous les fourches de l’haussmanisation, sujet paradoxalement peu étudié – même les chiffres de recensement diffèrent, dénombrant de 12 000 à 14 000 maisons ! Le visiteur est accueilli par un objet de rêve : la maquette de la maison de Verre construite à partir de 1927 par Pierre Charreau.
Puis la promenade, guidée par la scénographie démonstrative de Stéphane Maupin, s’articule autour d’une grande maison en inox « poli-miroir », archétype réfléchissant les représentations symboliques liées à la maison. Évocation du contexte urbain, mise en lumière d’une diversité typologique, la visite s’achève avec quelques propositions utopiques d’habitat individuel, objet récurrent des recherches des architectes, de Le Corbusier à Yona Friedman.
« Le Paris des maisons, objets trouvés », PARIS, pavillon de l’Arsenal, 21 boulevard Morland, IVe, tél. : 01 42 76 33 97, jusqu’au 29 août. Cat. sous la dir. de Luc Baboulet, Picard, 43 euros.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La maison, cet étrange objet du désir
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : La maison, cet étrange objet du désir