A la lumière d’une amitié

Tous ont puisé leurs sources dans la tradition, se sont imprégnés au fil du temps des autres courants jusqu’à trouver leur propre voie, jusqu’à inventer une nouvelle force esthétique. Ils pratiquent un art qu’ils ne veulent ni abstrait, ni figuratif. Tout au long du parcours, les toiles de ces artistes irradient les cimaises : Alfred Manessier, le plus mystique, observe la richesse de la lumière qui baigne la nature et invente un langage pictural intense proche du mystère présent dans les êtres et les choses. Obsédé par la lumière, le grand coloriste Roger Bissière structure ses tableaux à la façon des vitraux. Gustave Singier travaille, lui, sur un réel décomposé. Le découpage qu’il fait de l’espace laisse imaginer des paysages, des alluvions colorés. La peinture de Jean Le Moal offre des symphonies lumineuses, des ruissellements, des houles de bleus, verts et violets, comme les courants d’un univers marin. L’œuvre de Jean Bazaine capte la lumière, traduit les rythmes où l’espace de ses toiles forme des sortes de tourbillons célestes toujours en mouvement. Elvire Jan, dont les peintures vers la fin ont une tendance au monochrome, n’a de cesse d’explorer la vie profonde de la couleur. Tous sont de grands artistes de l’après-guerre étonnamment négligés au cours de ces dernières décennies et qu’il serait temps de redécouvrir.