Après ses feuilles italiennes puis françaises, le Musée de Grenoble expose ses dessins nordiques.
GRENOBLE - Depuis des dizaines d’années, ils dormaient dans l’ombre des réserves, attendant l’étude indispensable à leur meilleure compréhension. Après les dessins italiens et français du XVIe au XVIIIe siècle, c’est au tour des feuilles nordiques du Musée de Grenoble de bénéficier d’une exposition qui conclut trois ans de recherche à leur sujet. Contrairement aux fonds précédents, ce dernier, plus restreint, avait déjà fait l’objet d’une étude partielle, menée en 1977 par Marcel Roethlisberger (à qui l’on doit un essai introductif dans le catalogue). Trente-cinq ans plus tard, les nouvelles découvertes des commissaires la complètent, confirment des attributions, en modifient certaines, donnent une intelligibilité et une lisibilité à ce qui fut longtemps une masse désordonnée. « On est passé d’un fonds à une véritable collection, organisée et exploitable, avec ses points forts, ses articulations, ses lacunes et ses chefs-d’œuvre », résume Guy Tossato, directeur du musée. Reste à diffuser le résultat de ce travail, ce qui sera chose faite d’ici quelques mois avec sa mise en ligne sous forme de base de données sur Internet.
L’école hollandaise recelle de virtuoses
Sur les cimaises grises et vertes, les 120 dessins choisis sont agencés selon leur provenance : Hollande, Flandre, Allemagne. Reflet des inégalités de la collection, les Néerlandais du Siècle d’or dominent largement, avec leurs vues du plat pays : Pieter Molyn, Vigerus Witringa, et bien sûr Jan Van Goyen, qui immortalise les moulins des environs de La Haye sous un ciel tourmenté. D’autres, comme Bartholomeus Breenbergh, Herman van Swanevelt ou Jan Asselijn partent plutôt chercher l’inspiration en Italie et croquent les environs de Rome. Certaines œuvres étaient déjà connues, telle la très belle Figure d’Oriental de Rembrandt, clou de l’exposition qui a incité le Louvre à prêter en contrepoint son Autoportrait au chevalet du maître. D’autres sont en revanche de belles découvertes : une Joyeuse Compagnie, redonnée à Gerrit van Honthorst, se révèle par exemple être l’esquisse du tableau du même nom à la Galerie des Offices de Florence.
L’exposition reflète en creux le goût d’un collectionneur : Léonce Mesnard (1826-1890), à qui l’on doit la quasi-totalité des dessins exposés. Ce rentier issu d’une famille de magistrats meurt en effet sans héritier, léguant plus de 3 000 dessins et gravures au Musée de Grenoble (soit deux tiers de la collection actuelle). À la vue de l’exposition, on en déduit que l’homme n’appréciait pas spécialement les intérieurs d’églises, les nus ou les natures mortes, résolument absents, mais on lui reconnaît en tout cas un goût très sûr en matière d’art graphique.
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À la lueur des nordiques
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 9 juin, commissariat : Valérie Lagier, conservateur en chef ; David Mandrella, historien de l’art, Musée de Grenoble, 5 place de Lavalette, 38000 Grenoble. Tel. 04 76 63 44 44
www.museedegrenoble.fr
tlj sauf le mardi, 10h-18h30. Catalogue aux éditions Somogy, 250 p., 35 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°412 du 25 avril 2014, avec le titre suivant : À la lueur des nordiques