Fleuron de l’artisanat d’art européen, les bijoux sont à l’honneur dans une ultime série de vitrines. Une sorte de grande galerie de l’Évolution, rien que pour le plaisir des yeux !
En fin de parcours, l’exposition met en exergue les pièces de joaillerie de toutes les époques, inspirées par les perles et par la nacre de leurs coquillages. Et c’est plutôt jubilatoire, surtout après avoir emmagasiné autant d’informations scientifiques sur la vie des mollusques perliers.
Cette « grande galerie » des bijoux exploite pleinement la richesse de notre patrimoine national joaillier. Certains visiteurs se délectent de cette débauche finale de bijoux. D’autres, en revanche, regrettent le manque de propos explicatifs face à ce show esthétique dont la présentation suit néanmoins un fil historique.
De l’« âge d’or » à l’Art nouveau
De la Renaissance, on dit qu’elle est l’« âge d’or » des perles. Pêchées en Amérique, mais aussi dans les mers d’Orient, elles sont beaucoup portées en broderies. Le xviiie siècle leur préfère les diamants qui affluent du Brésil. Avec le xixe siècle arrive un nouvel « âge d’or » des perles. Napoléon les met à la mode. Puis, pendant la révolution industrielle, tout en restant un symbole de réussite de la haute société, les bijoux en perles se démocratisent avec les toutes petites perles appelées « semences », de faible valeur.
Par la suite, les créateurs français de l’Art nouveau emploient la perle baroque en pendant pour des colliers, broches et ornements de corsages. René Lalique utilise également la perle mabé, dont la forme demi-sphérique s’adapte parfaitement au chaton des bagues, et des rangs de perles rondes pour des colliers de chien. Tandis que les perles d’eau douce du Mississippi, aux formes étroites et allongées, séduisent Georges Fouquet et les frères Vever, les plaques de nacre ornent les bijoux signés Édouard Colonna et Marcel Bing.
L’essor de la perle de culture
La Première Guerre mondiale et la crise de 1929 font décliner la demande en perles en même temps que la production se raréfie. L’appétit reprend dans les années 1950 avec le développement de la perle de culture. Le Japonais Kokichi Mikimoto, négociant en perles fines, a mis au point la technique de la greffe (brevetée en 1916) telle qu’elle est encore pratiquée aujourd’hui. Mikimoto est aujourd’hui une grande maison de joaillerie spécialisée dans les créations en perles de culture.
Depuis sa création en 1906, Van Cleef & Arpels s’est toujours attaché à la perle et à la nacre, que ce soit pour les longs sautoirs de perles des élégantes dans les années 1920 ou pour sa collection phare de bijoux Alhambra en nacre blanche ou grise, lancée à partir des années 1970. Enfin, une vitrine entière consacre l’art de Lorenz Bäumer, petit dernier de la place Vendôme : il fabrique un bestiaire contemporain éblouissant à l’aide de perles baroques aux formes incroyables.
- Perles, une histoire naturelle Catalogue de l’exposition, collectif, Muséum national d’histoire naturelle/RMN, 2007, 104 p., 15 €. Il est le complément indispensable à l’exposition qui pèche par son manque d’écrits explicatifs. Les multiples dimensions des perles, scientifiques, historiques, géographiques, écologiques, mais aussi les perles sous l’angle de la création et de la collection ou dans la littérature, sont reprises de façon claire et synthétique. Avec un glossaire et de nombreuses illustrations.
- Merveilleuses perles Françoise Cailles, édition Argus Valentine’s (Luxembourg), 2006, 320 p., 99 €. Ce répertoire raisonné des perles célèbres, illustré de nombreux documents inédits, nous fait voyager, telle une chasse aux trésors, de l’Antiquité à nos jours et d’un hémisphère à l’autre, sur les traces des impératrices, reines, émirs et pêcheurs.
- La Jeune Fille à la perle DVD, film de Peter Webber, avec Colin Firth, Scarlett Johansson, Tom Wilkinson, Pathé Distribution, 2004, 10 €. Pour le plaisir de voir ou de revoir le film adapté du roman de Tracy Chevalier. Et uniquement pour le plaisir...
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La grande galerie des bijoux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : La grande galerie des bijoux