La fine fleur

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 mai 2003 - 334 mots

On peut certainement reprocher beaucoup de choses à la fameuse exception culturelle française, mais certainement pas une de ses plus belles idées, les Fonds régionaux d’art contemporain alias Frac, créés il y a de cela vingt ans. À l’époque, l’aventure s’approchait davantage du vœu pieux que du succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Forts de cette expérience, cinq d’entre eux, appartenant au « Grand Est », ont décidé d’exposer une partie de leurs trésors à Turin. Les Frac Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Lorraine ont davantage voulu partager leurs expériences que démontrer une éventuelle supériorité de la production hexagonale ou même régionale sur les créations transalpines. Pour constituer de telles collections, il aura fallu de nombreuses batailles au sein des comités techniques d’achat pour relayer le travail prometteur de jeunes artistes ou organiser des rencontres avec l’art contemporain – réputé hermétique et mondain – dans les moindres recoins de chaque région. L’éclectisme volontairement affiché à Turin reflète ce besoin de décloisonner les domaines et les milieux à travers une mission de sensibilisation alliée à la diffusion des jeunes artistes. D’ailleurs, la plupart de ceux rassemblés à Turin doivent parfois une fière chandelle à ces institutions. Pour Claude Closky, Hubert Duprat, Richard Fauguet, Pierre Joseph, Bruno Peinado, Philippe Ramette, Franck Scurti, leur carrière a souvent démarré doucement au sein de ces pôles régionaux et se poursuit grâce à leur soutien fidèle et convaincu. Les cinq mousquetaires de l’Est ont aussi permis à leur public de ne pas rester en dehors de la fine fleur de la scène internationale en achetant des œuvres d’Atelier Van Lieshout, Ann Veronica Janssens ou encore Grazia Toderi. Alors, on comprendra qu’après des années de labeur acharné et parfois discret, les Frac débarquent en force à Turin, qui semble d’ailleurs y prendre goût, un an après que la fondation Sandretto ait invité le Frac Provence-Alpes-Côte-d’Azur à investir ses murs.
Le système français suscite la curiosité, l’exposition nous dira si elle produit maintenant des émules.

TURIN, La Promotrice, Parc Valentino, jusqu’au 8 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : La fine fleur

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