Dans le cadre de l’Année du Brésil, la fondation Bernardaud dévoile une partie de la collection de céramiques du musée Casa do Pontal, qui détient le fonds le plus riche d’art populaire du pays. Sa conservatrice en a extrait quelque deux cents figurines exécutées par vingt-quatre artistes… ou artisans. Car la problématique de ces œuvres, à l’instar de l’art brut en France, est bien dans sa classification et son acceptation au sein de l’histoire de l’art avec un grand H ou non. Il est vrai que ses auteurs sont des « gens du peuple », qu’on accorde un statut artistique à cette tradition séculaire uniquement à partir des années 1940 et que la production offre principalement des témoignages de la vie quotidienne. On y voit ainsi de ludiques représentations des professions indépendantes en pleine expansion dans les années 1950 comme psychanalyste ou photographe, par Manoel Eudócio, ou des scènes animées d’accouchement, de danse et de mariage par Adalton Fernandes. Mais on découvre également des ex-voto très épurés ou des figures oniriques et monstrueuses de Galdino qui disait : « Les artistes sont comme des fous. Ils ne vivent que pour créer. » Le premier céramiste reconnu de ce type fut Mestre Vitalino. Revendiquant la banalité de ses sujets, il souhaitait les rehausser au niveau d’œuvre d’art et dévoiler la poésie du quotidien. Cela ne rappelle-t-il pas les préoccupations des principaux courants artistiques des années 1960 et l’analyse qu’en fit, en 1981, le philosophe Arthur Danto dans son ouvrage La Transfiguration du banal ? De quoi relancer le débat sur le statut de ces œuvres dites populaires.
« Terra Terre, céramique figuratuve populaire brésilienne », LIMOGES (87), fondation Bernardaud, 27 avenue Albert Thomas, tél. 05 55 10 55 91, www.bernardaud.fr, 23 juin-1er octobre.
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La figurine populaire brésilienne : un statut ambigu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°572 du 1 septembre 2005, avec le titre suivant : La figurine populaire brésilienne : un statut ambigu