La fierté d’une identité

Avec ce premier volet de « L’Art américain 1900-1950 », le Whitney Museum tente de réunir toute la diversité des langages et cultures qui ont façonné l’identité américaine depuis le début du siècle jusqu’à la fin des années 40 au travers du prisme des artistes nés ou installés aux États-Unis. La profonde jeunesse de l’Amérique en ce début de siècle donne à la peinture un ton esthétique et mondain. Cécilia Beaux peint un portrait de la baronne Whitney, généreuse fondatrice du musée, où s’exprime par la grâce et la fierté du modèle, la vie opulente du New York des années 1900. À cette même période s’esquissent les prémices de l’abstraction avec Joseph Stella et la provocation des dadaïstes. Après la Première Guerre mondiale, l’Amérique, première puissance économique mondiale, est florissante. La société est submergée de publicités, d’images glamours. En écho aux romans de Fitzgerald, l’art personnifie le rêve américain, avec les photographies d’Edward Steichen et les portraits mondains de Guy Pène du Bois. Les clubs de jazz et le cinéma prospèrent et donnent à ces années une saveur folle et légère. La musique de Gershwin enchante l’Amérique.
Mais la crise de 1929 sonne le glas de l’euphorie, et le travail artistique se replie sur des valeurs régionales et traditionalistes. La photographe Dorothea Lange laisse une trace impérissable et émouvante de la situation sociale de la Grande Dépression. Les années 40, marquées par le traumatisme de l’Holocauste et la nouvelle concentration d’artistes ayant fui l’Europe, voient émerger sur fond de Coltrane et de Charlie Parker et grâce à l’enseignement des professeurs du Bauhaus, les expressionnistes abstraits avec entre autres Pollock et Rothko qui recherchent une partie du mystère de l’humanité par des toiles colorées, et une inspiration plus lyrique. Un seul bémol, cependant, pas assez de peinture dans cette exposition mais elle reste d’une excellente qualité et le deuxième volet (1950-2000) ouvrira ses portes dès le 26 septembre.