L’exposition rassemblant une série de pastels issus des collections du Petit Palais (sorties des réserves pour six mois seulement, en raison de leur fragilité) s’articule en quatre parties.
Quelques prouesses aux pastels fulminent ci et là. Il y a Les Danseuses de Fernand Pelez, où quelques traits suffisent à évoquer les courbes d’une ballerine. Marthe Lefebvre figure dans Manette Salomon une femme de dos, assise sur un drapé blanc, rivalisant avec les peintures à l’huile d’Ingres. Les symbolistes clôturent l’exposition, avec notamment Lucien Lévy-Dhurmer représentant le corps d’une bacchante se confondant avec une brume bleutée dans Le Grand Nu de dos.
Outre les performances, l’exposition permet de vérifier que les portraits au pastel ont presque systématiquement représenté des femmes. Ce qu’explique le musée lorsqu’il souligne que « ce matériau est particulièrement adapté au rendu des carnations féminines, auxquelles il confère un aspect poudre et velouté », ou encore que le « pastel est l’instrument privilégié par les portraitistes, pour représenter les femmes, plus rares sont les hommes dessinés avec ce médium ».
Mais ce que n’explique pas l’exposition, c’est que les femmes ont longtemps été reléguées vers des genres et des matériaux considérés comme mineurs - comme ce fut le cas pour le pastel. D'où la présence dans l’exposition, aussi, des quelques femmes pastellistes au XVIIIe ou au XIXe siècle, telles que Élisabeth Vigée-Le Brun, Berthe Morisot, Mary Cassatt ou encore Louise Breslau. Ce petit rappel sociologique aurait mérité d’être approfondi.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : La femme et le pastel