C’est peu de dire que la démarche de Driss Sans-Arcidet a pour corollaire la mise en forme de tout un monde. Mieux vaudrait parler de galaxie et d’en parler au pluriel. De fait, l’art de cet artiste, paradoxalement singulier, procède de l’accumulation tant de débris que d’œuvres littéraires et, depuis une bonne dizaine d’années, ses installations décrivent des univers insensés où l’ordre et le chaos cohabitent. Ceux qui ont vu par le passé cet artiste tour à tour bibliothécaire d’une incroyable Babel (première Biennale de Lyon), épicier, maître d’école, chasseur de cachalots, chef de gare ou artisan tailleur, le retrouveront à Hérouville. Des choses et des mots par milliers, le tout organisé, composé, classé par le conservateur mythique d’un non moins mythique Musée Khômbol. L’exposition d’Hérouville présente certaines des sections qui composent cette grande œuvre incroyable et diffuse, dont Cetus, Whale & Fish directement construit à partir de chapitres de Moby Dick, La théorie du train si chère à l’artiste, Petites mains et sur mesure fondées sur l’idée de sexualité. « Le Musée Khômbol trouve ses sources chez les sociologues, les psychologues, les comportementalistes, les écrivains comme Pérec et Kafka, Vialatte et Flaubert, Gracq et le catalogue de Manufrance », prévient Driss Sans-Arcidet. C’est qu’il s’agit de refaire le monde avec le monde lui-même. D’en proposer une vision tout à la fois nostalgique et poétique. De recycler la réalité de la culture, de l’histoire, de l’art, bref de toute civilisation à l’ordre supérieur d’une fiction. Et pour ce faire, instruire une esthétique de l’inventaire qui laisse grandes ouvertes les portes de l’imaginaire. Parce que « La Vie elle est », comme le proclame le titre de cette exposition unique en son genre.
HEROUVILLE SAINT CLAIR, Centre d’art contemporain de Basse-Normandie, jusqu’au 10 juin.
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La culture recyclée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°523 du 1 février 2001, avec le titre suivant : La culture recyclée