La création face au sida

 » Cette citation de l’artiste et activiste américain David Wojnarowicz (1954-1992), mort des suites du sida, a été choisie par la commissaire Estelle Pietrzyk pour accueillir le visiteur. C’est sur cette note qu’elle a souhaité introduire cette exposition pluridisciplinaire et transversale, qui rassemble quarante ans de création (arts plastiques, danse, musique, théâtre, littérature ou cinéma), ayant trait autant à la culture populaire qu’à l’activisme, à l’histoire politique qu’à la recherche scientifique. Le parcours débute par un « couloir du temps », un mur sur lequel sont présentés œuvres, affiches de films, livres, archives ou encore objets militants, pour retracer l’histoire de la lutte contre l’épidémie de VIH en remontant le temps, d’aujourd’hui à la découverte du virus en 1983. Estelle Pietrzyk a voulu « une exposition qui scintille et qui pulse », sans pour autant éliminer une certaine gravité. Le pari est réussi, avec un parcours construit en dix sections thématiques, dans lequel les « récits s’entrelacent » et les œuvres se font écho. On y trouve aussi bien des photographies de Nan Goldin ou des dessins de Jean-Luc Verna qu’une très grande peinture sur coton de Fabrice Hyber, des manuscrits d’Hervé Guibert ou des extraits de films de Pedro Almodovar ou de Robin Campillo. La scénographie, savamment pensée, confère une dimension immersive à la présentation et articule les différentes sections entre elles. Ainsi, des ouvertures dans les cimaises permettent d’apercevoir les salles suivantes, une moquette rouge tapisse le sol de la partie « Ceci est mon sang », tandis que nous sommes invités à traverser un grand rideau en latex pour accéder à la dernière section. Afin de rappeler que l’épidémie est toujours d’actualité, un espace gratuit et ouvert à tous, « La permanence », accueillera associations et acteurs médico-sociaux pendant toute la durée de cette exposition événement, qui ne laissera personne indifférent.